Zatoichi, le masseur aveugle

Événements et célébrations / Nuit Kenji Misumi - La lame à l'œil  / Label Lumière Classics 2023

Un aveugle, Zatoichi (Shintaro Katsu) arrive dans la petite province de Shimosa. Il se fait vite connaître pour ses talents de masseur et pour son habileté surnaturelle aux dés. Mais bientôt, les habitants se rendent compte d'un autre de ses talents, le maniement de l'épée...

 © The Jokers Films

Né à Kyoto en 1921, Kenji Misumi rejoint en 1941 la Nikkatsu, le plus ancien et le plus important studio du Japon, afin de tenter sa chance comme acteur, mais devient finalement assistant réalisateur. Un an plus tard, il est mobilisé et envoyé en Mandchourie, afin d’empêcher l’invasion russe. Il est capturé et emprisonné dans un camp sibérien jusqu’en 1947. Il n’évoquera jamais cette période de sa vie, mais sa filmographie laissera deviner son dégoût de la guerre.

Quelques années après son retour à la vie civile, il entre à la Daei, qui lui offre son premier contrat en tant que réalisateur en 1954 avec Tange Sazen: Kokezaru no tsubo et son premier grand succès en 1960 avec Le Passage du Grand Bouddha.

Kenji Misumi marquera l’Histoire du cinéma japonais par deux séries : Baby Cart, avec quatre films réalisés entre 1972 et 1973, et La Légende de Zatoichi, avec six longs métrages et deux épisodes de série télévisée, réalisés entre 1962 et 1974.

Héros d’une courte nouvelle de Kan Shimozawa, Zatoichi est un aveugle qui va de ville en ville, gagnant sa vie en jouant aux dés et en offrant des massages ; mais alors qu’il semble inoffensif, il est secrètement expert dans le maniement du sabre. C’est Misumi qui portera pour la première fois ce personnage à l’écran en 1962 avec Zatoichi, le masseur aveugle.

« Kenji Misumi ouvre la série avec Le Masseur aveugle, qui expose les traits essentiels du personnage (Kitano en reprendra la construction pour réaliser son Zatoichi). Dès les premiers plans, Misumi met entre parenthèses le genre "sabre et kimono", comme on dit "cape et épée". Il n'insiste pas, ne le laisse pas désirer mais, comme a contrario, le traite en éclair dans des chorégraphies superbes. Comme dans le Yojimbo (1961) de Kurosawa […], le sabre est l'expression visuelle de la rapidité, de la fulgurance, de la spiritualité de l'esprit. » (Jean Douchet, Cahiers du cinéma n°598, février 2005)

C’est le premier volet d’une série de vingt-six films, réalisés par une dizaine de cinéastes différents, dont Shintaro Katsu, l’interprète historique de Zaitoichi, qui incarnera le célèbre masseur aveugle, de ses 31 ans (en 1962) à ses 58 ans (en 1989). En 2003, six ans après son décès, Takeshi Kitano réalise un nouveau Zaitoichi, dans lequel il interprète le personnage principal.