Soleil de nuit

Invité d’honneur : Taylor Hackford

Nikolaï Rodchenko (Mikhaïl Baryshnikov) était une des étoiles du ballet du Théâtre Kirov. Passé à l'Ouest, il mène, depuis dix ans, une carrière internationale. Mais au cours d'un voyage, l'avion qui le mène au Japon est contraint de se poser en catastrophe sur une base sibérienne. Rodchenko détruit hâtivement ses papiers d'identité, mais il est reconnu par un officier du KGB, le colonel Chaiko (Jerzy Skolimowski).

Né à Santa Barbara en 1944, Taylor Hackford se spécialise dans les relations internationales et l’économie avant d’intégrer le Peace Corps, agence indépendante du gouvernement américain créée par John Kennedy pour aider les pays en développement. Alors qu’il est déployé en Bolivie, un de ses collègues lui confie une caméra Super 8. C’est une révélation pour le jeune homme qui décide d’abandonner la carrière prévue et d’entrer à KCET, une chaîne de télévision publique de Los Angeles. Il se forme progressivement au métier de réalisateur, passant du service culturel aux concerts de rock, et enfin au documentaire. Les quelques centaines de sujets qu'il tourne au cours de cette période lui vaudront de nombreux prix, notamment deux Emmy Awards.

Fort de cette expérience, Taylor Hackford réalise un court métrage, Teenage Father, qui remporte l’Oscar en 1978 et attire l’attention des producteurs. En 1980 sort son premier long, Le Temps du rock'n'roll, mais c’est Officier et gentleman (1982), immense succès public et critique, qui le révélera véritablement.

Soleil de nuit, réalisé en 1985, est son quatrième titre. Satire politique entrecoupée de numéros de claquettes et d’envolées chorégraphiques, le film mélange étonnamment les genres et est porté par de remarquables interprètes, notamment Jerzy Skolimowski en colonel du KGB.

« Le film mêle assez curieusement les effets et le suspense propres au cinéma d'espionnage au style d'un mélodrame. […] Hackford établit des liens de plus en plus profonds entre Nikolai et Raymond Greenwood, un autre danseur, Noir et Américain, qui est passé à l'Est, scandalisé par la misère et le racisme des États-Unis. Tout pourrait les opposer. Ils vont devenir des amis. Hackford profite de la longueur du film pour aborder ces diverses relations humaines, parfaitement aidé par ses acteurs, tous excellents. Les séquences chorégraphiques de cette histoire prenante sont remarquables. » (André Moreau, Télérama, 24 juillet 1991)