Sideways

Invité d’honneur : Alexander Payne

Miles (Paul Giamatti), un écrivain raté récemment divorcé, et son ami Jack (Thomas Haden Church), un acteur de sitcom sur le point de se marier, décident de faire ensemble la route des vins dans la vallée de Santa Ynez, en Californie. Jack est un séducteur qui veut goûter une dernière fois à la liberté ; Miles, un perpétuel angoissé qui compte bien savourer de bonnes bouteilles…

Né à Omaha, Nebraska, où il placera la plupart de ses longs métrages, Alexander Payne sort diplômé de l’UCLA Film School en 1990 avec son film de fin d’études, The Passion of Martin – adapté du roman Le Tunnel d’Ernesto Sabato. Avec ce film, le jeune cinéaste attire l’attention des producteurs d’Universal, qui lui offrent un contrat de réalisateur et scénariste. Son premier long métrage, Citizen Ruth (1996), avec Laura Dern, sera sélectionné au Festival de Sundance et suivi en 1999 par L’Arriviste, qui deviendra très vite un film culte aux États-Unis.

En 2004, Alexandre Payne réalise Sideways, littéralement « de côté ». « De côté », ce chemin qu’empruntent pendant quelques jours deux amis que tout oppose : Jack, l’extraverti qui veut profiter au maximum de ses derniers jours de célibat, et Miles, l’introverti qui veut déguster les crus locaux – pour ne pas dire s’enivrer gentiment. Ces deux quadragénaires sont revenus de tout, désabusés, et surtout vaguement pathétiques. La rencontre avec deux femmes, Stephanie et Maya, précipitera une inévitable remise en question : quelle vie choisir ?

Le film est un succès critique et public, lauréat de nombreuses récompenses et de l’Oscar 2005 du meilleur scénario. C’est l’événement du cinéma indépendant américain de l’année, entre comédie de mœurs et satire douce-amère de l’Amérique.

« Parce que Paul Giamatti [..] est un clown blanc toujours au bord des larmes, épatant. Et parce que Thomas Haden Church (jusqu'à présent inconnu à notre bataillon), avec son physique de Schwarzenegger du pauvre, est un auguste extraordinaire, une vraie révélation. Parce que leur duo fonctionne au quart de tour, parce que les situations créées par leurs frictions sont souvent succulentes, les gags qui en découlent d'une logique implacable […], la mise en scène restant toujours d'une sage précision et d'une ironie discrète. Parce qu'Alexander Payne n'est sans doute pas tout à fait dupe des vraies raisons pour lesquelles Miles, l'écrivain sensible, aime le vin. En une ou deux scènes – les plus frappantes du film, aussi inattendues, désopilantes que déchirantes –, il nous donne à voir ce que peut être la soif haletante d'alcool et l'ambiguïté des rapports qu'entretiennent les hommes avec le fruit de la vigne. Et c'est lorsque le vernis de l'amateur de nectars raffinés craque, lorsque l'image lissée du film se met soudain à se gondoler (et nous avec), que le film de Payne sort pour de bon des sentiers les plus battus. » (Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles, 9 février 2005)