Dans l'Espagne de l'après-guerre, Segundo López (Severiano Población), un homme qui ne connaît rien du monde, quitte son Estrémadure natale pour Madrid, dans l'espoir de commencer une nouvelle vie.
© Filmoteca Española
Ana Mariscal naît à Madrid, en 1923, dans une famille aisée. Aux côtés de son frère Luis Arroyo (acteur et réalisateur), elle fréquente, encore adolescente, le club de théâtre de l’Anfistora. Plus tard, étudiante en sciences destinée à l’enseignement, elle est repérée à l’occasion d’un casting que passe son frère. Elle entame une carrière d’actrice au cinéma sous la direction d’Eusebio Fernández Ardavín dans La florista de La Reina, sorti en 1940 et rencontre le succès dans Raza de José Luis Sáenz de Heredia (1942), scénarisé sous pseudonyme (Jaime de Andrade) par Franco lui-même. Ana Mariscal ne reniera jamais ce film, mais elle ne sera pas pour autant exemptée des foudres de la censure. En 1943, son roman Hombres, qui s’attaque à l’institution du mariage, sera interdit et ne sera publié qu’en 1992. La comédienne déclenche à nouveau un scandale en 1945 lorsqu’elle interprète le rôle de Don Juan Tenorio dans la pièce de José Zorrilla. Son audace fut jugée irrévérencieuse et aberrante par une partie des intellectuels, au point de déclencher un procès littéraire, avec un tribunal composé de personnalités de l’époque. Un événement comme un spectacle, qui fut également retransmis sur Radio-Valladolid.
En 1953, la comédienne intervient une nouvelle fois dans un milieu réservé jusque-là aux hommes. Souhaitant passer derrière la caméra et avoir les financements nécessaires à son indépendance, elle crée avec son compagnon la société de production Bosco Films. « Les projets étaient financés par la famille et les amis. Ma mère et mon père Valentín Javier étaient associés, ils décidaient ensemble des projets et des investissements. Il ne faut pas oublier les limites juridiques qui existaient en Espagne à l’époque, une femme ne pouvait pas signer de contrats et réaliser des transactions si facilement. Mon père se chargeait donc essentiellement de l’aspect financier, et ma mère des relations avec l’administration et les médias, du casting, du scénario, de la musique, des lieux de tournage… » (David García Rodríguez, fils d’Ana Mariscal)
C’est dans ce cadre qu’Ana Mariscal réalise son premier long métrage, Segundo López. Dans un Madrid ravagé par la guerre, elle filme les pérégrinations d’un homme simple, qui cherche un travail. Tourné avec peu de moyens dans les rues de la capitale et joué en partie par des non-professionnels, Segundo López sera considéré comme le premier film néoréaliste espagnol. Il s’inscrit aussi dans la tradition du costumbrismo, représentant les mœurs et coutumes régionales.
Ce premier film est bien reçu par la critique, mais intéresse peu le public. Il est par ailleurs peu apprécié des autorités, puisqu’il montre une Espagne détruite, pauvre, des habitants démunis, à l’opposé de l’image que le régime franquiste souhaite diffuser.
Segundo López (Segundo López, aventurero urbano)
Espagne, 1953, 1h20, noir et blanc
Réalisation Ana Mariscal
Scénario Leocadio Mejías, Ana Mariscal, d’après une histoire de Leocadio Mejías
Photo Valentín Javier
Musique Antón Apruzzese, Rafael Franco
Montage Francisco G. Velázquez, Margarita de Ochoa
Production Ana Mariscal, Producciones Cinematográficas Bosco
Interprètes Severiano Población (Segundo López), Martín Ramírez ("El Chirri"), Luisita Esteso (Francisca Minglanilla), Ana Mariscal (Marta), Tony Leblanc (le photographe), Adela Carboné (Paloma), Manuel Mur Oti (le cinéaste)
Sortie en Espagne février 1953
Distributeur Filmoteca Espanola
Restauration 4K par la Filmoteca Espanola au laboratoire VivaVision. Sous-titrage français créé spécialement pour le festival.
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