1980. À partir du port de Mariel, de nombreux opposants cubains émigrent vers les États-Unis. Fidel Castro profite de l’occasion pour se débarrasser de quelques prisonniers de droit commun, dont Tony Montana (Al Pacino), petit malfrat sorti de la rue, et son ami Manny (Steven Bauer). À Miami, Tony, ambitieux et sans scrupules, décide de devenir le chef de la pègre locale. Son plan est simple : avoir un allié sûr, Manny ; être engagé ensuite par un chef de bande respecté, Frank Lopez (Robert Loggia) ; puis l’éliminer et épouser sa sublime veuve (Michelle Pfeiffer).
Entre deux hommages à Hitchcock (Sœurs de sang en 1973 et Body Double en 1984), Brian De Palma décide de tourner ce scénario d’Oliver Stone, nouvelle adaptation du roman qui avait inspiré, en 1932, le film d’Howard Hawks. Il le transpose des années 30 aux années 80, de Chicago à Miami, avec des Cubains à la place des Italiens. L’accueil est partagé : « Le public américain blanc n’est pas allé voir Scarface. Celui des ghettos et des centres urbains lui a en revanche fait un triomphe. Le film de De Palma a frappé l’inconscient des minorités noires et hispaniques. Pour la première fois depuis l’ère des films de la blaxploitation dans les années 1970, un film hollywoodien s’intéressait à l’univers du ghetto. Scarface offrait aussi de manière très subversive une alternative au mode de vie blanc. Il suffisait pour goûter au rêve américain de s’armer d’un M-16 et de se lancer dans le commerce de la cocaïne. » (Samuel Blumenfeld, Le Monde, mai 1999).
Le film est indissociable d’Al Pacino, qui trouve dans ce personnage un des rôles les plus emblématiques de sa riche carrière. Mais c’est avant tout un grand film, truffé de références, qui marqua un jalon. « C’est dans Scarface que l’influence de Peckinpah sur De Palma se fait le plus ressentir, à cause de ce mélange de trivialité et de sophistication, qui débouche sur une esthétique à la fois spectaculaire et distanciée de la violence. » (Olivier Père, Les Inrockuptibles, avril 1999). Film classé X à sa sortie américaine, Scarface reste pourtant profondément moraliste quant au destin de son héros. C’est aussi une grande fresque criminelle, nouvelle histoire de fin de siècle en Amérique, aux côtés de la trilogie du Parrain (1972, 1974 et 1990), d’Il était une fois en Amérique (1984) et des Affranchis (1990). La pérennité du film, devenu référence de la culture rap, cité dans les clips et les chansons, est stupéfiante. La "Tony Montana attitude" a gagné toute une génération qui a construit, à partir des gestes et paroles d’Al Pacino, une véritable religion du comportement.
Scarface
États-Unis, 1983, 2h50, couleurs, format 2.35
Réalisation Brian De Palma
Scénario Oliver Stone d’après le roman éponyme d’Armitage Trail
Photo John A. Alonzo
Musique Giorgio Moroder
Montage Jerry Greenberg, David Ray
Décors Edward Richardson, Bruce Weintraub
Costumes Patricia Norris
Production Martin Bregman, Peter Saphier, Universal Pictures
Interprètes Al Pacino (Tony Montana), Steven Bauer (Manny Ribera), Michelle Pfeiffer (Elvira Hancock), Mary Elizabeth Mastrantonio (Gina Montana), Robert Loggia (Frank Lopez), Miriam Colon (la mère de Tony et de Gina), F. Murray Abraham (Omar Suarez), Paul Shenar (Alejandro Sosa), Harris Yulin (Mel Bernstein), Ángel Salazar (Chi Chi), Arnaldo Santana (Ernie), Pepe Serna (Angel), Michael P. Moran (Nick "The Pig"), Al Israel (Hector "The Toad"), Dennis Holahan (Jerry, le banquier)
Sortie aux États-Unis 9 décembre 1983
Sortie en France 7 mars 1984
Distributeur Universal Pictures France
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