En 1942, après deux années de captivité comme prisonnier de guerre, Henri Neveux (Jean Gabin) est rapatrié en raison du décès de son épouse. Il découvre que celle-ci a eu un enfant pendant son absence. Il l'élève avec la même affection qu’il porte à son fils et sa fille. Le temps passe. L'aîné, Louis (Claude Brasseur), est devenu champion cycliste ; sa fille, Odette (Marie-José Nat), part vivre avec son riche amant. Henri reste seul avec Fernand (Roger Dumas). Lorsque celui-ci est traduit devant un tribunal pour mineurs, on accable le père adoptif…
Après avoir dépeint la noblesse, avec Les Aristocrates, puis la bourgeoisie, avec Les Grandes Familles, Denys de La Patellière se tourne, avec Rue des Prairies, vers le petit peuple parisien, achevant ainsi son panorama des grandes catégories sociales du pays. Sur des dialogues signés Michel Audiard, le personnage qu’incarne le contremaître Jean Gabin est d’une grande justesse, tout comme le portrait sans fioritures de sa famille ouvrière.
Adapté du roman populiste de l’acteur (et écrivain) René Lefèvre, Rue des Prairies relate l’histoire d’un veuf qui, après avoir assuré seul l’éducation de ses enfants, prend conscience qu’ils ne sont pas à son image. Les trajectoires qu'ils ont suivies lui échappent. Fernand, son fils illégitime, même s’il connaît des difficultés, est finalement celui qui lui porte le plus d’amour : en grandissant, il lui donnera plus de satisfaction que ses propres enfants.
Redécouvrir aujourd'hui le Paris du vingtième arrondissement de la fin des années 50 éveille une grande nostalgie. Sociologue sans le savoir, La Patellière a fixé un univers et une population – comme Duvivier neuf ans plus tôt dans Sous le ciel de Paris – désormais disparus. Henri habite un quartier vivant, se rend dans la banlieue aisée de Saint-Cloud pour visiter sa fille et travaille sur le chantier de Sarcelles, première cité-dortoir en construction. Les nombreuses scènes en extérieur sur ce qui est alors, avec ses trois mille ouvriers, le plus grand projet d'urbanisme de France, offrent un matériau remarquable au cinéaste, qui capte ainsi une transition sociétale. L’homme perd peu à peu ses repères, ses enfants et son quartier.
« Il y avait là une très jolie idée que Denys de La Patellière et Michel Audiard ont illustrée avec infiniment de tact mais aussi de drôlerie et d’émotion, car leur film est humain et vrai, de cette vérité qui n’appartient qu’à la vie quotidienne, faite d’une alternance continuelle de petites joies et de gros chagrins. » (Service de presse Cinédis, décembre 1959)
Rue des Prairies
France, Italie, 1959, 1h31, noir et blanc, format 1.66
Réalisation Denys de La Patellière
Scénario Denys de La Patellière, Michel Audiard, d’après le roman éponyme de René Lefèvre
Dialogues Michel Audiard
Photo Louis Page
Musique Georges Van Parys ; Johann Sebastian Ba
Montage Jacqueline Thiédot
Décors René Renoux
Production Georges Dancigers, Jean-Paul Guibert, Alexandre Mnouchkine, Les Films Ariane, Filmsonor, Intermondia Films, Vides Film
Interprètes Jean Gabin (Henri Neveux), Claude Brasseur (Louis Neveux), Marie-José Nat (Odette Neveux), Roger Dumas (Fernand Neveux), Paul Frankeur (Ernest), Roger Tréville (Jacques Pédrell), Renée Faure (Maître Surville), Jacques Monod (le président du tribunal), Louis Seigner (le procureur), Alfred Adam (Jo Loutrel), Gabriel Gobin (Dubourg)
Sortie en France 21 octobre 1959
Ayant-droit TF1 Studio
Distributeur Les Acacias
Restauration 4K par TF1 Studio au laboratoire Digimage avec le soutien du CNC et de Coin de Mire Cinéma.
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