Reservoir Dogs

Cultes U.S.

Los Angeles, années 90. Joe Cabot (Lawrence Tierney), truand spécialisé dans le vol de bijoux, et son fils "Nice Guy" Eddie (Chris Penn) réunissent un groupe de six malfrats pour dévaliser un important diamantaire. Ils ne se connaissent entre eux que sous leurs noms de code : Mr. White (Harvey Keitel), Mr. Orange (Tim Roth), Mr. Pink (Steve Buscemi), Mr. Blonde (Michael Madsen), Mr. Brown (Quentin Tarantino) et Mr. Blue (Eddie Bunker). Le jour du hold-up, tout va pour le mieux - mais la police attend le gang à la sortie.

« J’avais été séduit, fasciné par Reservoir Dogs sans que je parvienne à savoir si j’avais affaire à un vrai cinéaste ou à un prestidigitateur incroyablement doué. Les films suivants infirment la seconde hypothèse. Leurs partis pris visuels et narratifs, souvent radicaux, reposent sur un extraordinaire brio scénaristique et un sens aigu du dialogue qui font souvent défaut à ses épigones. » (Bertrand Tavernier, Amis américains, Actes Sud / Institut Lumière, 2008)

Coup d’essai, coup de maître. Avec les 50 000 dollars gagnés pour le scénario de True Romance de Tony Scott (1993), Quentin Tarantino, accompagné de son ami et producteur Lawrence Bender, décide de tourner son premier film. Ce budget ne leur offre qu’un hangar, du noir & blanc, du 16 mm. Il faudra aussi interpréter certains rôles. Peu importe. Mais grâce à Harvey Keitel, qui accepte d’endosser le costume de Mr. White, et à ses nombreux contacts, le projet prend de l’ampleur et le financement passe à un million de dollars.

L’ancien employé de vidéo-club, cinéphile absolu, signe un polar violent et drôle (deux adjectifs qu’on accolera souvent pour le décrire), où le noir de l’humour côtoie le rouge du sang, et qui dessine déjà les contours prometteurs de sa filmographie. Il réunit un casting exceptionnel, une excellente BO seventies et une structure narrative romanesque : « J’ai écrit le film dans le même esprit qu’un livre, des têtes de chapitre introduisant les différentes scènes. C’est une histoire intrigante mais aussi très drôle. En fait, c’est l’histoire à deux sous que j’ai toujours rêvé d’écrire. » (Quentin Tarantino)

« Révélation de la saison, Reservoir Dogs relance l’éternelle partie de ciné-tennis transatlantique : Fuller au service, Melville au retour, Scorsese à la volée, Godard au passing-shot. Et en ramasseur d’une agilité déconcertante, Quentin Tarantino, qui cueille toutes ces balles gagnantes avant le sommet du rebond. » (Philippe Garnier, Les Inrockuptibles, octobre 1992)