Portraits fantômes

Les invités du festival / Avant-premières

Les grands cinémas du XX^e siècle du centre-ville de Recife ont pour la plupart disparu. Cette partie de la ville est aujourd’hui un véritable site archéologique qui révèle des aspects désormais perdus de la vie en société.

En 2016, Kleber Mendonça Filho redécouvre des photographies, des images VHS et Super 8, ainsi que des documents sonores produits pendant sa jeunesse. La vision de ces archives lui donne envie de tourner de nouvelles images de Recife, sa ville de naissance, durant plusieurs années. Il effectue une recherche d’archives dans les cinémathèques et institutions nationales aussi bien qu’auprès des familles de ses proches et amis. « On découvre dans Retratos fantasmas à quel point Kleber Mendonça Filho lie étroitement son histoire à celle de la capitale du Pernambouc, ville où il a grandi et dont il feuillette les strates d’histoires et d’anecdotes comme un grimoire de palimpsestes vertigineux où les épisodes biographiques et la biologie évolutive de la ville ne cessent de communiquer par toutes sortes de résonances, rimes et coïncidences. » (Didier Péron, Libération, 22 mai 2023)

Le cinéaste raconte comment les nouveaux buildings, les parkings et la spéculation immobilière ont transformé la ville et changé ses espaces autrefois conviviaux. Puis Kleber Mendonça Filho se concentre sur les anciens cinémas du centre-ville qu’il fréquentait assidûment, rappelant leur fonction sociale essentielle et leur influence sur les mœurs et leur évolution. « Les villes changent d’une manière qui évoque parfois Cronenberg. Elles deviennent autre chose, ce qui n’est pas naturel. De façon presque perverse, je trouve aussi ça intéressant. » (Kleber Mendonça Filho, arte.tv, 22 mai 2023)