Peut-être demain

Lumière Classics : 2. Trésors et curiosités

Eszter (Judit Meszléry)et István (Andor Lukáts) travaillent dans une manufacture de porcelaine et ont chaque jour rendez-vous dans un appartement, où ils s’aiment passionnément. Pourtant, tous deux sont mariés et ont une famille.

Née en 1937 à Budapest et issue de l’École supérieure d’art dramatique et cinématographique, Judit Elek est une pionnière du "cinéma direct", captant le réel, le quotidien et l’intime avec des outils techniques légers qui lui permettent une grande liberté. Elle appréhende cette réalité avec une profondeur et une intensité rares.

Elle débute en 1963 avec le court Rencontre, avant de passer au long métrage de fiction avec La Dame de Constantinople (1969), son premier film distribué en France. Plus de dix ans plus tard, et après être revenue au documentaire, la cinéaste réalise sa seconde fiction, Peut-être demain.

Judit Elek tourne le film en trois semaines, au cœur de l’hiver hongrois. Chaque jour, le scénario est modifié par György Pethö, qui cherche à creuser au plus profond la complexité des relations sociales et des angoisses existentielles des amants.   

Par sa dissection du cœur humain et son impitoyable lucidité, Peut-être demain se fait le miroir de la société hongroise.

« Peut-être demain doit son éclatante réussite à la conjugaison de deux éléments qui auraient dû être incompatibles : l'expérience personnelle, affective, douloureuse probablement, de Judit Elek, et la pratique d'un cinéma d'investigation directe, scientifique pourrait-on dire, qu'elle a acquise en tournant ses deux longs métrages ethnographiques à Istenmezeje. La mise en place des personnages dans l'espace, la qualité du regard posé sur une communauté reconstituée à l'image des communautés qu'elle avait découvertes dans la réalité rurale (les séquences de repas, de bistrot de village...) sont d'une précision de géomètre. La direction d'acteur est d'un grand cinéaste. La rigueur est d'un moraliste. L'émotion, elle, est d'un poète. » (Jean-Pierre Jeancolas, Positif n°231, juin 1980)