Elizabeth Vogler (Liv Ullmann), actrice à succès, perd l’usage de la parole lors d’une représentation. Après plusieurs mois de mutisme, elle est envoyée en convalescence sur une île avec une infirmière, Alma (Bibi Andersson). De rêves en confessions, les deux femmes se lient d’une amitié profonde, mais brûlante…
© Svensk Filmindustri / DR
Vingt-septième film réalisé en vingt ans par Ingmar Bergman, Persona dévoile une nouvelle facette de son travail. Il marque aussi sa rencontre avec sa future compagne, Liv Ullmann. Frappé par sa ressemblance avec Bibi Andersson, une de ses actrices habituelles, il imagine un poème en images sur le thème du dédoublement, des différents rôles que l’on endosse au cours d’une vie et de la difficulté à les assumer, dans l’esprit de la formule de Rimbaud « Je est un autre ». La poésie étant pour lui liée à la musique, il définit son film comme une sonate pour deux instruments. « Ce n’est pas à proprement parler un scénario que j’ai écrit. C’est plutôt une partition, que j’espère orchestrer au cours du tournage. Le sujet que j’ai choisi est immense. C’est pourquoi j’invite les spectateurs à faire appel à leur imagination pour assimiler la matière que je mets à leur disposition. »
Tel un compositeur, Bergman rêve d'insérer son œuvre dans une suite cohérente ; ainsi, Persona avait été initialement intitulé "Cinématographe n°27". Il opte pour Persona, mot latin qui désignait le masque sous lequel, dans l’Antiquité, les acteurs dissimulaient leur visage. Un visage ici redoublé, entre Liv Ullmann et Bibi Andersson, le mutisme de l’une et le bavardage de l’autre, l'enfermement ou le dévoilement. Bergman reprend l’idée de Jung, selon lequel il existe un conflit inhérent à l’homme, pris entre son masque social, la persona, et son âme, l’alma (par ailleurs, nom du personnage incarné ici par Bibi Andersson).
Interrogeant le malaise de l’artiste face à l’éloignement de la réalité, Bergman signe sans doute son film le plus expérimental. Et l’un de ses plus accomplis. « On a vu Persona, et il est allé soudainement plus loin que tous les autres. Voir ce film pour la première fois était si palpitant, et c’était terrifiant – ça disait : “Voyez cela ! Que pouvez-vous dire maintenant sur les films et sur ce qu’ils peuvent faire ?” » (Martin Scorsese)
Persona
Suède, 1966, 1h23, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario Ingmar Bergman
Photo Sven Nykvist
Musique Lars Johan Werle ; Jean-Sébastien Bach
Montage Ulla Ryghe
Décors Bibi Lindström
Costumes Mago
Production Ingmar Bergman, Svensk Filmindustri
Distributeur Carlotta Films
Interprètes Bibi Andersson (Alma), Liv Ullmann (Elizabeth Vogler), Gunnar Björnstrand (Monsieur Vogler), Margaretha Krook (le médecin), Jörgen Lindström (le fils d'Elizabeth)
Sortie en Suède 18 octobre 1966
Sortie en France 21 décembre 1966
Distributeur Carlotta Films
Restauration par Studiocanal et Svensk Filmindustri.
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