Pather Panchali / La Complainte du sentier

Événements et célébrations / La Trilogie d'Apu  / Label Lumière Classics 2023

En Inde, dans un village bengali, une famille très pauvre vit dans une maison qui tombe en ruine. Le père (Kanu Banerjee), brahmane, survit avec son épouse (Karuna Banerjee), sa fille Durga (Runki Banerjee) et la vieille tante Indir (Chunibala Devi). La mère donne naissance à un nouvel enfant, Apu (Subir Banerjee). Des années plus tard, alors qu’Apu est devenu un petit garçon, le père s’absente longuement pour le travail.

 © Government of West Bengal / DR 

« Aucun cinéaste digne de ce nom, conscient de ses responsabilités envers le public, ne saurait accepter de s’évader longtemps de la réalité. Il doit accepter le défi du monde contemporain, examiner les faits, les jauger, les passer au crible et choisir ceux qui peuvent former la matière première d’un film. » (Satyajit Ray, Écrits sur le cinéma, Ramsay, 1985)

Satyajit Ray naît en 1921, à Calcutta, dans une famille intellectuelle aisée. Après ses études, il devient maquettiste-publiciste, mais parallèlement, s’intéresse au cinéma et fonde à 25 ans le Calcutta Film Society, le premier ciné-club indien. Il assiste également en 1950 au tournage du Fleuve de Jean Renoir, une expérience décisive. Ainsi, quelques années plus tard, après de nombreuses difficultés, des moyens très limités et de longues interruptions de tournage, il donne naissance, avec une équipe réduite, à son premier film, La Complainte du sentier.

Adapté du classique de la littérature bengalie signé Bibhutibhushan Bandyopadhyay (initialement publié en feuilleton dans un journal car aucun éditeur ne croyait en son succès), le film est une chronique de la vie quotidienne d’une famille, le père rêveur, la mère résignée. Cette histoire de l’extrême pauvreté est ponctuée par l’apprentissage d’Apu ; les découvertes, les joies, sont vues à travers ses yeux. Film lent et élégiaque, La Complainte du sentier fait découvrir une nature particulièrement photogénique. On y ressent – sans jamais verser dans l’exotisme – le soleil, la chaleur, la pluie salutaire, mais aussi la durée, le temps, à travers la description du quotidien banal. Pour sa dimension universelle, sa profonde humanité, sa noblesse et son lyrisme, ce premier volet de la Trilogie d’Apu sera rapproché du néoréalisme italien. Il propulsera surtout sur le devant de la scène le cinéma indien et un de ses plus grands auteurs, sélectionné au Festival de Cannes dès sa première réalisation.

« Je fus dès les premières images envoûté par cette mélopée, cet air de flûte dans la nuit tropicale. Et bientôt, je reconnus, dans la vérité et la poésie, la divine simplicité, dont je croyais le secret perdu depuis la mort de Robert Flaherty. […] Durant deux heures, il ne se passe rien, sinon la vie. Voilà un sommet du cinéma contemporain. […] Ce film est profondément indien (bengali même). Il est l’œuvre d’une très forte personnalité. » (Georges Sadoul, Les Lettres françaises, 17 mai 1956)