Orages

Lumière Classics : 1.Classiques

Dans un petit village d’une île du Pacifique, Seth Law (Walter Huston), un pêcheur veuf, se remarie avec Ruth (Helen Chandler), une femme assez jeune pour être sa fille. La situation se complique quand Ruth et Matt (Douglass Montgomery), le fils de son mari, tombent amoureux.

 
Walter Huston With His Arm Around Helen Chandler  © NBC Universal

Réalisateur suisse-allemand né à Mulhouse en 1902, William Wyler émigre aux États-Unis en 1922 pour travailler aux studios Universal, dont le fondateur, Carl Laemmle, est le cousin de sa mère. Après un passage par la publicité et la production, il réalise son premier court métrage en 1925.  À seulement 23 ans, il est le plus jeune cinéaste employé par la société. Naturalisé américain quelques années plus tard, il devient un des réalisateurs les plus importants d’Hollywood, enchaînant les contrats avec Universal, la Warner et la MGM.

Orages, long métrage méconnu, est peut-être une des œuvres les plus personnelles de Wyler. Tragique et sublime, le film marque une rupture dans la carrière cinématographique du cinéaste, jusqu’à alors habitué à signer des films d’action et des westerns.

À l’aide d’une mise en scène superbe, le film dépeint le conflit entre un père et son fils, épris chacun de la même femme. Il filme cette île isolée et escarpée dans des plans immenses, à l’image de l’époustouflant travelling initial. John Huston, futur cinéaste, écrit les dialogues de cette rivalité entre père et fils, des mots interprétés par son propre père, l’acteur Walter Huston.

« L’histoire signée Olive Edens est dépouillée, brutale et crue comme le caractère du marin Seth Law. Et William Wyler l’a mise en scène dans le même style simple et rude, pour réussir à nous donner un film rapide, ramassé, où chaque mot, chaque geste des personnages qui vivent dans cette atmosphère tendue a le maximum d’importance et d’éloquence. Walter Huston, Douglass Montgomery, Helen Chandler jouent sans emphase les rôles du père, du fils et de la jeune fille – pour lesquels ils sont faits. L’orage final, dans sa réalisation comme dans son intervention, apparaît plutôt conventionnel, mais il n’atténue pas la forte impression de réalité et de drame que Wyler a su conférer à ce village de pêcheurs, aux maisons, aux meubles, à la pluie comme aux personnages humains. » (Jean George Auriol, Pour Vous n°211, 1^er décembre 1932)