Nebraska

Invité d’honneur : Alexander Payne

Woody Grant (Bruce Dern), un vieillard, est persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance. Il cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain... Sa famille, inquiète de ce qu’elle perçoit comme le début d’une démence sénile, envisage de le placer en maison de retraite, mais David (Will Forte), un de ses deux fils, se décide finalement à l’accompagner en voiture chercher ce fameux chèque, auquel personne ne croit.

Sixième long métrage d’Alexander Payne, Nebraska est le premier que le cinéaste ne scénarise pas. Pour autant, on y retrouve ses motifs familiers : un récit qui prend racine dans la terre natale de Payne et qui met en scène ses habitants, des personnages à l’ambition à la fois risible et poignante. Le thème de la filiation est lui aussi très présent, à l’image de son film précédent, The Descendants.

Nebraska, qui pourrait passer pour un remake de Monsieur Schmidt (2002) retrace le road trip de Woody, un vieil homme obstiné, qui s’accroche à son rêve américain, pensant avoir gagné un million de dollars, et de son fils David, un quadragénaire qui vient d’être abandonné par sa compagne. Le film s’inspire de l’actualité de l’époque, lorsque des seniors traversaient réellement les États-Unis, pensant avoir gagné le gros lot de loteries par correspondance.

Tourné en noir & blanc à travers quatre États, Nebraska est un voyage dans des paysages désolés, ponctués de fermes abandonnées et de petites villes tristes. Comme à son habitude, Payne oscille entre moquerie et sympathie pour ses personnages et se régale à les martyriser, tout en leur apportant une tendresse certaine.

Classé par l’American Film Institute parmi les dix meilleurs films de 2013, Nebraska se distingue par l’écriture habile de ses personnages et son étrange ton comique, en rupture avec ce voyage pourtant loin d’être drôle.

« Payne réussit un film magistral, sensible et jamais misérabiliste, servi par un noir & blanc superbe qui enveloppe les campagnes et les villes traversées d'une aura nostalgique, et un casting magnifique mené par le génial Bruce Dern, éternel second rôle qui trouve enfin la consécration avec un Prix d'interprétation, et Will Forte, jeune loser ordinaire. Nebraska raconte l'Amérique d'aujourd'hui, sans fard ni glamour, mais avec un humour discret permanent. » (Gérard Camy, Jeune Cinéma n°352/353, été 2013)