Nashville, Tennessee, s’éveille au son des slogans d’Hal Philip Walker, candidat aux présidentielles. Durant quelques jours, vingt-quatre destins s’entrecroisent, des studios d’enregistrement aux différentes scènes de concert, en passant par les rues de la ville et son hôpital.
Pendant le tournage de Nous sommes tous des voleurs, la scénariste Joan Tewkesbury part à Nashville, à la demande de Robert Altman, afin de s’imprégner de la ville, pour un projet autour de la capitale de la country-music. Elle note toutes ses impressions dans un journal de travail. Elle y ressent une ville concentrique : « tout ici est affaire de chevauchement et de tissu conjonctif » (in Robert Altman, une biographie orale, Mitchell Zuckoff, G3J). Une première version du script voit le jour avec déjà dix-huit personnages. Mais au fil du casting, le scénario est remanié afin d’intégrer de nouveaux acteurs à l’histoire. Au finale, ce sont vingt-quatre protagonistes principaux qui feront l’histoire de Nashville.
Tout l’art de Robert Altman s’exalte dans ce film polyphonique. D’une somme de destins individuels, d’histoires tronquées, il fabrique un récit global. Nashville est un microcosme : vedettes, artistes déclassés, groupies, politiques, affairistes ou requins, tous se croisent, dans un mélange d’ambitions, de jalousie, de rancœur et d’argent. Pour Altman, le Nashville des années 70 est à l’image de ce que fut le Hollywood des années 30 et 40. La caméra, ultra mobile, suit ces vies entremêlées ; le montage, virtuose, n’égare jamais le spectateur.
Afin d’obtenir le meilleur de ses acteurs, Robert Altman créé une atmosphère de troupe, faisant appel à des comédiens habitués de ses méthodes. Il les installera à Nashville en amont du tournage, leur laissant une dizaine de jours off afin de vivre ensemble. Excellent directeur d’acteur, il leur demande de l’éclairer sur leur personnage plus qu’il ne leur impose leur rôle. Il sollicite l’imagination de chacun, va chercher ce qui les touche personnellement. L’ambiance est à la créativité, au travail, et à une part d’improvisation. « Si vous êtes sur le fil, je serai le filet pour vous rattraper » les rassure-t’il.
Nashville navigue aux frontières du musical et du documentaire. « Réflexion sur l’état de l’Union » selon Michel Ciment, c’est un magnifique portrait de l’Amérique des années 70, un film politique dans un fief conservateur, et un regard également tendre et féroce sur un pays aux multiples visages. « Dans Nashville, [Robert Altman] nous regardait, il regardait notre culture, il regardait l'Amérique. Et ce film s'est avéré si prophétique ! De Jimmy Carter qui est arrivé après, à l'assassinat de John Lennon, il a su capturer l'esprit du temps avec une dizaine d'années d'avance. Vraiment extraordinaire. Les grands artistes sont ceux qui voient qui nous sommes en train de devenir, plutôt que ceux qui perçoivent qui nous sommes. Et Bob était l'un de ceux-là. C'est un meilleur film maintenant que quand nous l'avons fait. C'est dire. Je crois que ce film est une réussite énorme. Pour tous ceux qui étaient impliqués, Bob a visé juste. Il a également ciblé la psyché américaine directement, et ce n'était pas joli joli. » (Keith Carradine, in Robert Altman, une biographie orale, Mitchell Zuckoff, G3J, 2011)
Nashville
États-Unis, 1975, 2h40, couleurs, format 2.35
Réalisation Robert Altman
Scénario Joan Tewkesbury
Photo Paul Lohmann
Musique Richard Baskin, Henry Gibson, Lily Tomlin
Montage Sidney Levin, Dennis Hill
Costumes Jules Melillo
Production Robert Altman, American Broadcasting Company
Interprètes David Arkin (Norman), Barbara Baxley (Lady Pearl), Ned Beatty (Delbert Reese), Karen Black (Connie White), Ronee Blakley (Barbara Jean), Timothy Brown (Tommy Brown), Keith Carradine (Tom Frank), Geraldine Chaplin (Opal), Robert DoQui (Wade), Shelley Duvall (L. A. Joan)
Sortie aux États-Unis 11 juin 1975
Présentation au Festival de Deauville septembre 1975
Sortie en France 12 novembre 1975
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