Épouse d’un riche industriel, María José de Castro (Lucia Bosè)est la maîtresse de Juan (Alberto Closas), professeur d’université. Au cours d’une promenade en voiture avec lui, elle renverse un ouvrier à bicyclette et prend la fuite. Tandis que son amant est bouleversé par ce drame, elle ne redoute que le scandale public et s’inquiète des insinuations d’un maître chanteur, Rafà (Carlos Casaravilla).
© Trionfalcine - Suevia /DR
En 1955, sort en salles Mort d’un cycliste de Juan Antonio Bardem, film majeur du cinéma espagnol des années 50. Lauréate du Prix de la critique internationale au Festival de Cannes, l’œuvre est une dénonciation et une critique corrosive et amère de l’Espagne franquiste, reflet de l’engagement communiste du cinéaste. Le film fut censuré à plusieurs reprises. Le couple formé par Lucia Bosè et Alberto Closas représente en miroir la société espagnole franquiste : lâcheté et hypocrisie de la classe bourgeoise, mais aussi du milieu intellectuel de l’époque, qui reste majoritairement silencieux et profite même du régime en place (Juan ne doit son poste à l’université que grâce à ses relations familiales). Les protagonistes cherchent, quoi qu’il en coûte, à demeurer dans un certain confort moral et refoulent tout sentiment de culpabilité et de responsabilité face à leur crime, jusqu’à ce que Juan craque et réalise la gravité de la situation. Son passage à l’action marquera la fin de l’histoire d’amour entre les deux amants.
Notamment influencé par Orson Welles, Michelangelo Antonioni et Jean Renoir, Juan Antonio Bardem réalise une œuvre formellement impressionnante. « N'avons-nous pas chacun, enfoui au plus profond de nous-même, un cycliste mort qui réclame pitié et vengeance ? Voilà pour le fond. La forme cinématographique donnée par Bardem à son film est, elle, étincelante. Très influencé par Renoir, Bardem procède par touches brèves, mais lui, au contraire de Renoir, enchaîne ses courtes scènes par des trouvailles visuelles qui font tressaillir tant elles sont originales et fulgurantes. De ce film exceptionnel on sort un peu fracassé et très heureux. Aussi faut-il aller voir, absolument, Mort d'un cycliste, film maudit dès sa naissance et dont la malédiction est, pour son auteur, un très grand titre d'honneur. Et puis, dans Mort d'un cycliste, il y a autre chose. Il y a Lucia Bosè, au beau, au dur et bouleversant visage. Lucia Bosè que personne ne dirigea comme Bardem a su le faire. » (Simone Dubreuilh, Libération, 20 septembre 1955)
Mort d’un cycliste (Muerte de un ciclista)
Espagne, Italie, 1955, 1h28, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Juan Antonio Bardem
Scénario Juan Antonio Bardem, Luis Fernando de Igoa
Photo Alfredo Fraile
Musique Isidro B. Maiztegui
Montage Margarita de Ochoa
Décors Enrique Alarcón
Production Manuel J. Goyanes, Guión Producciones Cinematográficas, Suevia Films - Cesáreo González, Trionfalcine
Distributeur Tamasa
Interprètes Lucia Bosè (María José de Castro), Alberto Closas (Juan Fernández Soler), Carlos Casaravilla ("Rafà" Rafael Sandoval), Otello Toso (Miguel Castro), Bruna Corrà (Matilde Luque Carvajal), Alicia Romay (Carmina), Julia Delgado Caro (Doña María), José Sepúlveda (le commissaire), Matilde Muñoz Sampedro (la voisine du cycliste), José Prada (Decano), Fernando Sancho (le sergent de police), Manuel Alexandre (le cycliste), Manuel Arbo (Père Iturioz), Emilio Alonso (Jorge)
Présentation au Festival de Cannes 9 mai 1955
Sortie en France 7 septembre 1955
Sortie en Espagne 9 septembre 1955
Sortie en Italie 16 décembre 1955
Copie Mercury Films
Droits Tamasa
Restauration 4K par Video Mercury Films au laboratoire Cherry Towers. Sous-titrage français créé spécialement pour le festival.
Film ayant reçu le label
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