Moonrise Kingdom

Invité d’honneur : Wes Anderson

Le festival Lumière pour les enfants

New Penzance, une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965. Suzy (Kara Hayward) et Sam (Jared Gilman), 12 ans, tombent amoureux et, concluant un pacte secret, s’enfuient ensemble. Alors que tous les habitants se mobilisent pour les retrouver, une violente tempête s’approche des côtes, qui va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.

« C'est le temps de l’amour, le temps des copains, et de l'aventure…» Suzy est une enfant que ses parents considèrent comme difficile. Sam, scout modèle, est un orphelin dont la famille d’accueil décide de ne plus s’occuper. Deux écorchés amoureux, bien décidés, à 12 ans, à prendre leur vie en main. Car si, selon Rimbaud « on n’est pas sérieux quand on a 17 ans », à 12 ans, l’amour absolu n’est pas un vain mot.

Septième long métrage du dandy texan Wes Anderson, Moonrise Kingdom porte la signature de son auteur : une mise en scène d’une précision horlogère, un ballet d’images chorégraphié au millimètre, des mouvements de caméra verticaux ou horizontaux, une "maison de poupée" explorée comme une coupe géologique, un ralenti utilisé avec majesté (la scène du mariage)… Couleurs, décors, costumes, trouvailles ingénieuses, cartographie à la Davy Crockett, musique entêtante (Benjamin Britten et Alexandre Desplat),  tout concourt à créer un univers onirique.

Comme toujours dans le monde de Wes Anderson, la famille est dysfonctionnelle. Ici celle des scouts, celle "de remplacement" de Sam et celle de Suzy, les Bishop (Bill Murray et Frances McDormand), un couple épatant d’avocats neurasthéniques. Les adultes sont tristes et névrosés. Face à eux, les enfants adoptent un comportement grave et responsable.

Dans ce premier amour né au cœur d’un été aventureux, les enfants héroïques sont incarnés par Jared Gilman et Kara Hayward, pour ses débuts à l'écran. Bruce Willis, Edward Norton, Bill Murray et Frances McDormand les prendront sous leur aile.

« Si l’errance magique des deux amoureux dans une lumière bucolique de fin d’été offre un des sommets de l’œuvre de l’auteur, c’est que l’esprit d’aventure qui courait dans ses films précédents semble brusquement se libérer. Cette libération ne passe pas par une confrontation directe avec le sauvage – qui s’intègre parfaitement au doux et majestueux roulis de la mise en scène – mais par un extraordinaire jeu d’allers-retours entre l’authenticité un peu abrupte des décors et la puissance de fantasme qu’ils recèlent. » (Vincent Malausa, Cahiers du cinéma n°678, mai 2012)