À la suite d’un entretien d’embauche qui se passe mal, Lulu (Karin Viard), sans avoir rien prémédité, décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants. Elle s’octroie très simplement quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que d’en profiter pleinement, sans culpabilité. Elle va croiser des gens eux aussi au bord du monde : un drôle d’oiseau couvé par ses frères, une vieille dame qui s’ennuie à mourir et une employée harcelée par sa patronne… Trois rencontres décisives qui vont aider Lulu à retrouver une ancienne connaissance perdue de vue : elle-même.
Le film marque les retrouvailles entre la cinéaste française d’origine américano-islandaise Sólveig Anspach (1960–2015) et Karin Viard : elles s’étaient rencontrées quinze ans plus tôt pour Haut les cœurs !, poignante chronique, aux accents autobiographiques, du parcours d’une jeune femme atteinte d’un cancer. Le film avait valu à la comédienne le César de la meilleure actrice en 2000, élargissant sa palette vers des tonalités plus dramatiques, l’imposant désormais comme une tête d’affiche. « Nous ne nous sommes jamais perdues de vue avec Karin, explique Sólveig Anspach. Mais pour se retrouver au cinéma, il nous fallait un projet fort, surtout après Haut les cœurs !. On ne voulait pas se décevoir l’une l’autre. Lulu, femme fragile, effacée, timide qui va se reconstruire, est un rôle à contre-emploi pour elle. »
Lulu femme nue est adapté de la bande dessinée éponyme signée Étienne Davodeau, grand succès d’édition auquel s’intéressaient plusieurs cinéastes. Sólveig Anspach a dû défendre son parti pris d’adaptation avant que son projet soit accepté, l’auteur suivant l’écriture du scénario et validant les modifications portées à son récit. Notamment faire de l’héroïne le vrai moteur du récit, alors que « dans la bande dessinée, on suit le parcours de Lulu le plus souvent à travers des voix off, des commentaires des membres de sa famille et le regard des voisins. » (Sólveig Anspach) Mais aussi donner plus de chair aux personnages secondaires respectivement interprétés par Bouli Lanners et Claude Gensac.
« Ce film, sensible et touchant, rappelle le début de Cercle, le splendide roman de Yannick Haenel (Gallimard, 2007), lorsque le personnage principal décide de ne plus prendre le train de 8h07 qui doit le conduire à son travail. Une phrase lui trotte alors dans la tête : « C'est maintenant qu'il faut reprendre vie. » Exactement ce que doit penser Lulu lorsqu'elle s'aperçoit que « la vie est courte » et que « les gens qu'on aime, il ne faut pas les laisser passer » (Franck Nouchi, Le Monde, 21 janvier 2014). À la différence près qu’il s’agit d’une femme qui se libère d’une vie ordinaire. Le film s’inscrit dans un courant d’œuvre évoquant une possible deuxième vie, y compris amoureuse, pour des femmes en reconstruction : Elle s’en va (Emmanuelle Bercot, 2013), Les Beaux Jours (Marion Vernoux, 2013), etc.
Lulu femme nue
France, 2013, 1h27, couleurs, format 2.35
Réalisation Sólveig Anspach
Scénario Sólveig Anspach, Jean-Luc Gaget, d’après la bande dessinée éponyme d’Étienne Davodeau
Photo Isabelle Razavet
Musique Martin Wheeler
Montage Anne Riegel
Décors Stéphane Levy
Costumes Marie Le Garrec
Production Caroline Roussel, Arturo Mio
Interprètes Karin Viard (Lulu), Bouli Lanners (Charles), Claude Gensac (Marthe), Pascal Demolon (Richard), Philippe Rebbot (Jean-Marie), Marie Payen (Cécile), Solène Rigot (Morgane, Nina Meurisse (Virginie)
Sortie en France 22 janvier 2014
Distributeur Le Pacte
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox