Les Princes de la ville

Invité d’honneur : Taylor Hackford

Paco Aguilar (Benjamin Bratt), son demi-frère Cruz Candelaria (Jesse Borrego)et leur cousin Miklo Velka (Damian Chapa), ont grandi ensemble dans le quartier chicano d'East Los Angeles. Outre leur héritage culturel commun, chacun d'eux a développé sa personnalité propre. Paco défend âprement son territoire contre les bandes rivales et Cruz s'affirme comme artiste peintre, en prise avec la mémoire et les rêves de son peuple déraciné. Miklo, en revanche, souffre d'un profond sentiment d'exclusion et se cherche encore une identité dans la petite délinquance.

Lorsque Taylor Hackford prend connaissance du scénario des Princes de la ville, celui-ci circule déjà depuis les années 80. Ross Thomas, célèbre auteur de romans noirs, avait écrit une première version, retravaillée ensuite par Floyd Mutrux pour un autre réalisateur. Pour le cinéaste, qui n’appartient pas à la communauté latino, il était indispensable de prendre toutes les précautions possibles afin que sa peinture du milieu chicano soit parfaitement authentique. « J'ai passé beaucoup de temps à East Los Angeles, afin que les gens de ce quartier comprennent tout le respect qu'ils m'inspiraient, ainsi que ma volonté de les faire participer à ce projet. Si quoi que ce soit leur semblait sonner faux, nous procèderions aux modifications nécessaires. […] Aussi avons-nous conclu un pacte : nous traiterions le sujet avec le plus grand respect, quelle que soit la position sociale des personnages ; qu'il s'agisse d'habitants du barrio[quartier] ou de prisonniers, nous raconterions leur histoire avec sérieux et réalisme, sans idéalisation. » (Taylor Hackford)

Le film est tourné dans un quartier presque totalement habité par des Hispaniques, et dans la prison de haute sécurité de San Quentin. Bien que le tournage en milieu carcéral ait été compliqué, il se déroula sans encombre et des prisonniers, libérés sur parole ou bénéficiant d’une permission, furent engagés comme figurants pour les scènes en studios.

Initialement titré Blood In Blood Out, le film est rebaptisé Bound by Honor avant sa sortie en salles. Cette expression fait référence au rituel initiatique consistant à tuer quelqu'un pour entrer dans un gang et, à l'inverse, à ne pouvoir en sortir que par la mort ; c’est aussi la devise de La Onda, le gang de la prison dans le récit. Inquiets de l'effet potentiel du film sur la ville après les émeutes de 1992, les dirigeants de Hollywood Pictures – division de Walt Disney Studios – décidèrent du changement, contre l’avis de Hackford.