En 1916, Bill (Richard Gere), ouvrier dans une fonderie, sa sœur Linda (Linda Manz) et sa compagne Abby (Brooke Adams) quittent Chicago pour aller faire les moissons au Texas. Pour sortir de la misère, Bill pousse Abby à céder aux avances de Chuck (Sam Shepard), un riche fermier qu’ils savent atteint d’une maladie incurable. Mais Abby tombe amoureuse de Chuck, ce qui déjoue les plans de Bill.
Deuxième film de Terrence Malick (après La Balade sauvage, 1973), Les Moissons du ciel lance sur des vies gâchées un regard triste et cruel, sublimé par la photo de Nestor Almendros. Pour créer cette atmosphère inoubliable, celui-ci a recours uniquement à des éclairages naturels pour les scènes en extérieur et tourne le soir, avant le crépuscule, à l’heure où tout se nimbe d'un halo doré. Les Moissons du ciel est une extraordinaire expérience sensorielle, qui place la nature au centre du récit. Alliant des motifs bibliques (l’invasion des sauterelles) à des références picturales à l’œuvre d’Edward Hopper, Terrence Malick livre un poème cosmique sur une Amérique rurale peu à peu corrompue par l'appât du gain et le progrès technique. D’une virtuosité formelle rare, le film recevra le Prix de la mise en scène à Cannes et l’Oscar 1979 de la meilleure photographie. Ne correspondant en rien aux canons habituels du cinéma hollywoodien, Les Moissons du ciel suscita l'admiration unanime de la critique internationale, mais sera un échec commercial.
« Si le propre des grandes œuvres est d’exprimer les contradictions de la culture qui les a nourries, Days of Heaven est de celles-là, car Malick, poète et philosophe, y fait jouer souverainement la dialectique des contraires. À l’intérieur de son art : romantisme / réalisme, statique / mouvant, sensoriel / réfléchi. Mais aussi, à l’intérieur de ses mythes : innocence / expérience, nature / industrie, réalité / illusion. […] Et le mot culture dans toutes ses acceptions semble alors particulièrement adéquat pour définir une œuvre qui ne vise à rien de moins qu’à accomplir le but originel du cinéma : devenir la synthèse des arts qui l’ont précédé. » (Michel Ciment, Positif n°225, décembre 1979).
Les Moissons du ciel révèle sur grand écran Sam Shepard, romancier et dramaturge américain, mais également comédien et scénariste (il est co-auteur avec Michelangelo Antonioni, Franco Rossetti, Tonino Guerra et Clare Peploe, de Zabriskie Point). Wim Wenders aura longtemps essayé, en vain, de convaincre la production de Hammett de lui confier le rôle-titre. Les deux hommes, devenus amis, travailleront ensemble pour Paris, Texas, inspiré de Motel Chronicles de Sam Shepard et scénarisé par l’auteur. Ils se retrouveront vingt ans plus tard avec Don’t Come Knocking, dans lequel Wenders lui confie le rôle de Howard Spencer, ex-star du western, tourmenté par un passé auquel il avait pourtant tourné le dos. « À mes yeux, Sam Shepard est l’image même de "l’homme de l’Ouest", le titre d’un de mes westerns favoris, signés Anthony Mann. Gary Cooper en est la vedette, et c’est à lui que je penserais si je devais comparer Sam à un autre acteur. Mais Sam est unique. C’est à la fois un poète stupéfiant, un guitariste et un batteur toujours vert, le plus important auteur dramatique américain contemporain, un comédien impressionnant, un cow-boy et un cavalier rodéo hors pair, un voyageur infatigable, un bon père et un excellent ami… » (Wim Wenders, Télérama, 11 mai 2005)
Les Moissons du ciel (Days of Heaven)
États-Unis, 1978, 1h34, couleurs, format 1.85
Réalisation & scénario Terrence Malick
Photo Nestor Almendros
Effets spéciaux Mel Merrells, John Thomas
Musique Ennio Morricone ; Leo Kottke, Camille Saint-Saëns, Doug Kershaw
Montage Billy Weber
Décors Robert Gould
Costumes Patricia Norris
Production Bert Schneider, Harold Schneider, Paramount Pictures
Interprètes Richard Gere (Bill), Brooke Adams (Abby), Sam Shepard (Chuck, le fermier), Linda Manz (Linda), Robert J. Wilke (le régisseur), Jackie Shultis (Jackie), Stuart Margolin (le régisseur de l'usine), Tim Scott (l'ouvrier agricole), Gene Bell (le danseur), Doug Kershaw (le violoniste), Richard Libertini (le chef d'orchestre)
Sortie aux États-Unis 6 octobre 1978
Présentation au Festival de Cannes 15 mai 1979
Sortie en France 16 mai 1979
Distributeur Park Circus
Restauration 4K par The Criterion Collection avec le soutien de Paramount Pictures et Park Circus sous la supervision et l’accord final de Terrence Malick.
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox