Les Aristocrates

Denys de La Patellière

Le marquis Jean de Maubrun (Pierre Fresnay), homme autoritaire et attaché à la tradition, règne sur sa famille et son domaine. Mais un vent de révolte souffle : sa fille Daisy (Brigitte Auber) veut épouser un parvenu, et son fils aîné Arthus (Jacques Dacqmine) veut ouvrir au capitalisme le domaine familial, qui tombe en décrépitude. Le marquis fait alors le triste constat qu’il ne comprend plus le monde tel qu’il est devenu.

Issu d’une famille aristocratique, Denys Dubois de La Patellière – son patronyme complet – naît le 8 mars 1921, à Nantes. Alors qu’il prépare l’École militaire de Saint-Cyr pour suivre les traces de son père officier, la guerre éclate. Il rejoint alors l’Armée française de la Libération, et perd deux de ses frères, engagés dans la Résistance. À la fin du conflit, il renonce à la carrière militaire et se fait engager comme ouvrier développeur dans un laboratoire cinématographique, puis comme monteur pour Les Actualités françaises. Quelques années plus tard, il devient assistant-réalisateur aux côtés de Georges Lacombe, Georges Lampin, Richard Pottier, Maurice Labro ou René Le Hénaff.

En 1955, il réalise son premier film, Les Aristocrates, adapté du roman éponyme de Michel de Saint-Pierre publié l’année précedente, Grand Prix du roman de l'Académie française et Prix des Libraires. Cette première œuvre est un succès populaire (près de 3 millions de spectateurs) et critique : on salue l’excellente interprétation des acteurs – et notamment celle de Pierre Fresnay –, les dialogues vifs et amusants, ainsi que la peinture intelligente du milieu et des valeurs aristocratiques.

« Michel de Saint-Pierre avait écrit un livre sarcastique qui devient amer en s'épanouissant et ne finit pas en s'achevant. C'était une étude et malgré l'avertissement qui le précède, une utilisation visible de choses vues. Roland Laudenbach et Denys de La Patellière ont formé cette argile aux formes du récit et lui ont apporté, en même temps qu'une conclusion, un ton plus hautain et plus tragique. Ils en ont parfois modifié la lettre et l'ordre des personnages, ils furent scrupuleusement fidèles en esprit. Grace à cette rigueur de la préparation, au courage du producteur qui n'a pas demandé de concessions, Denys de La Patellière entre dans ce métier de cinéma par la grande porte et son premier film inscrit son nom comme un sceau. » (R.M. Arlaud, Combat, 19 octobre 1955)