Le Grand Duel

Lumière Classics : 2. Trésors et curiosités

Philip Wermeer (Peter O’Brien) est accusé d'avoir tué le patriarche du clan Saxon, qui dirigeait la ville de Saxon City. Lors de sa fuite, il croise le shérif Clayton (Lee Van Cleef), qui l'aide à se sortir d'une situation compliquée. Mais celui-ci semble avoir des informations sur le coupable et il impose à Wermeer de subir un procès en bonne et due forme...

Le Grand Duel est le premier film de Giancarlo Santi, qui n’en réalisera que deux autres avant sa mort, en février 2021 : Quando c’era lui… caro lei ! (1978) et Con la volce del cuore (2000). Avant de passer à la mise en scène, Santi fut assistant de Marco Ferreri puis de Sergio Leone sur Le Bon, la Brute et le Truand (1966) et Il était une fois dans l'Ouest (1968).

Giancarlo Santi signe ici un très bon "western à l’italienne", sous-estimé et aujourd’hui méconnu. Avec une formidable scène d’ouverture, des fusillades épatantes et une intrigue qui rappelle les whodunits britanniques, le film est entièrement construit autour de Lee Van Cleef, immuable dans son costume noir, dont le regard sombre électrise chaque scène. On notera la présence de seconds rôles inoubliables et notamment celui de Klaus Grünberg, en méchant boutonneux aux gants blancs et foulard de soie.

« Pour une fois dans le western italien, il semble que l'on ait cherché à construire une histoire sans faire intervenir les traditionnels justiciers (quoique dans une certaine mesure, Clayton en soit un !), à préserver une certaine ambiguïté chez la plupart des personnages dont on ne sait jamais très bien quel est exactement leur rôle présent et passé, à toujours soutenir par là-même l'intérêt du spectateur ; nous avons même droit à un flashback (noir & blanc) ce qui, pour ce genre de productions, est un fait à noter car on répugne généralement à "casser" la continuité du film. C'est dire que Le Grand Duel n'est pas loin de rompre avec tout un passé uniquement composé de Ringo, Django ou Sartana à qui, le même Lee Van Clef a si souvent prêté ses traits et qui règne ici en maître dans un type de personnages qui lui est familier. » (D. Maillet, Image et Son - La Revue du Cinéma n° 275, septembre 1973)

Le Grand Duel est considéré comme un des meilleurs westerns italiens par Quentin Tarantino, qui empruntera d’ailleurs The Grand Duel – Parte prima, un morceau de la bande originale, pour Kill Bill : Volume 1 (2003).