Aldo (Steve Cochran), un ouvrier du nord de l'Italie, est quitté par Irma (Alida Valli) après sept ans de vie commune. Ne parvenant pas à la reconquérir, il part en compagnie de sa fille et parcourt la région, incapable de s’établir quelque part et d’oublier Irma, qui ne cesse de le hanter.
© SPA - Robert Alexander / DR
Considéré comme un tournant dans l’œuvre de Michelangelo Antonioni, Le Cri se démarque de ses précédentes réalisations par son ton, son sujet et une inspiration qui retrouve la veine néoréaliste. Dans ce cinquième long métrage, le cinéaste abandonne la peinture des milieux bourgeois et mondains ainsi que les portraits de femmes, pour s’intéresser à un ouvrier solitaire.
Cet homme traverse l’Italie comme un personnage de road movie, errant à travers des paysages désolés, cherchant désespérément à oublier la femme qui l’a quitté, écrasé par une solitude et une mélancolie insoutenables. Plus Aldo avance dans sa quête, plus le cadre se vide : il se sépare de sa fille, s’arrête à une station-service isolée, puis voit la ville disparaître au loin. D’un pessimisme aigu, Le Cri s’achèvera sur un hurlement final, alors que le héros est retourné à son point de départ, incapable de trouver une issue à sa tristesse.
« Dans sa façon de filmer les routes, les stations-services, les automobiles, Antonioni met aussi l'accent sur l'américanisation malhabile, presque grotesque, de l'Italie. La mondialisation est déjà en marche, mais Aldo vit désormais dans une époque dont il ne connaît pas les nouvelles règles de conduite. Buté, transi, maladroit, il ne sait réagir qu'en victime à la légitime volonté des femmes de s'investir dans le travail, de se libérer de l'emprise des hommes, de se construire comme des individus à part entière. Le Cri trace aussi le portrait impitoyable d'une société qui avance obstinément, sans jamais se retourner pour vérifier que tout le monde suit... C'est dans ces aspects politiques, sociaux et psychologiques que Le Cri paie encore son tribut au néoréalisme. Moins connu que L'avventura, La notte, ou L'Éclipse, Le Cri est un film essentiel dans l'œuvre d'Antonioni. » (Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles, 20 mars 2013)
Le Cri sera un échec critique et commercial en Italie, ce qui contraindra Antonioni à écrire pour d’autres cinéastes pendant quelques années, avant de connaître un succès international avec L’avventura (1960).
Le Cri (Il grido)
Italie, 1957, 1h57, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Michelangelo Antonioni
Scénario Michelangelo Antonioni, Elio Bartolini, Ennio De Concini
Photo Gianni Di Venanzo
Musique Giovanni Fusco
Montage Eraldo Da Roma
Direction artistique Franco Fontana
Costumes Pia Marchesi
Production Franco Cancellieri, SpA Cinematografica, Robert Alexander Productions
Distributeur Tamasa / Remerciements à SND
Interprètes Alida Valli (Irma), Steve Cochran (Aldo), Betsy Blair (Elvia), Dorian Gray (Virginia), Gabriella Pallotta (Edera, la sœur), Lynn Shaw (Andreina), Mirna Girardi (Rosina), Gaetano Matteucci (le fiancé d'Edera), Pina Boldrini (Lina), Guerrino Campanili (le père de Virginia), Piero Corvelatti (le pêcheur)
Présentation à la Mostra de Venise 3 septembre 1957
Sortie en Italie (Milan) 26 septembre 1957
Sortie en France 3 décembre 1958
Droits Tamasa et SND
Copie Cineteca di Bologna
Restauration par la Film Foundation de Martin Scorsese et Compass Film au Laboratoire L’Immagine Ritrovata - Cineteca di Bologna.
Avec le soutien de Hobson/Lucas Family Foundation. Sous-titrage français créé spécialement pour le festival.
Film ayant reçu le label
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