La Zone d’intérêt

Les invités du festival / Avant-premières

Officier SS, Rudolf Höss (Christian Friedel) mène une existence paisible, loin du front, avec son épouse Hedwig (Sandra Hüller) et leurs enfants, dans une jolie maison avec jardin et piscine. Mais il y a ces cris et ces coups de feu qu’on entend parfois, venus de l’autre côté du haut mur surmonté de barbelés ; et puis le bruit et l’odeur de ces fours qui fonctionnent en permanence. Rudolf Höss dirige le camp de concentration d’Auschwitz. Alors qu’on menace de le remplacer, va-t-il pouvoir garder sa vie de rêve à côté d’un charnier ?

 
Interest Cannes Image © Bac Films

La « zone d’intérêt », c’est la formule qu’employaient les nazis pour désigner la région d’Auschwitz et c’est aussi le titre d’un roman de Martin Amis, publié en 2015, que le réalisateur anglais Jonathan Glazer (Under the Skin) a décidé d’adapter très librement. En racontant la vie apparemment idyllique d’un bourreau, il s’agit ici d’interroger la banalité du Mal et aussi de secouer la conscience des spectateurs. « Le concept de La Zone d’intérêt est fantastiquement provocateur. En regardant la famille Höss vaquer à ses occupations, je pense que nous réagissons simultanément de deux manières. Nous percevons l'horreur qu'ils ne perçoivent pas, ce qui nous fait frissonner. En même temps, l'extrémité de leur déni – ils sont dans leur bulle de classe moyenne, presque comme une famille de banlieue américaine des années 50 – exerce une sorte de chevauchement métaphorique avec des aspects de notre propre expérience. » (Owen Gleiberman, Variety, 19 mai 2023).