La Classe américaine

Les invités du festival / Les 30 ans de La Classe américaine

Lors d’un orage dans « l'Ocean South Pacific », le capitaine George Abitbol (John Wayne), « l'homme le plus classe du monde » meurt en prononçant les mots mystérieux « Monde de merde ». Les journalistes Dave (Paul Newman), Peter (Dustin Hoffman) et Steven (Robert Redford), chargés d’écrire un article sur Abitbol, décident de mener l'enquête...

En 1992, Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette travaillent aux côtés d’Alain Chabat, comme scénaristes et réalisateurs de sketchs pour Les Nuls, l’émission. Ce dernier les recommande à Robert Nador, de la société de production Dune, qui souhaite produire un film uniquement composé d’images d’archives, pour la Journée de la télévision initiée par Michel Denisot sur Canal +.  Séduits par cette proposition, Hazanavicius et Mézerette réalisent coup sur coup deux téléfilms : Derrick contre Superman (septembre 1992) et Ça détourne (décembre 1992).

L’année suivante, à l’occasion des 70 ans de la Warner, Michel Delcourt, responsable de Warner France, met à leur disposition la totalité de son catalogue (à l’exception des œuvres de Kubrick et d’Eastwood) et les invite à réaliser un long métrage à la gloire du cinéma américain, tout en leur promettant une sortie en salles.

Pendant plusieurs mois, Hazanavicius et Mézerette visionnent les films de la Warner, sans le son. Ils sélectionnent les passages en fonction de ce qu’ils lisent sur les lèvres des personnages et de ce qui les fait rire, comme le raconte Michel Hazanavicius : « Il y a un extrait qu'on voulait absolument conserver. On y voyait Charles Bronson jouer un Indien. Sans le son, on avait l'impression qu'il disait "Chips". Ce passage n'avait aucun intérêt mais il était très drôle. » (lexpress.fr, 17 avril 2009)

Appliquant la technique du mashup musical au cinéma, les deux hommes montent des extraits de dizaines de films, mélangeant les genres (polar, western, péplum, science-fiction, film de pirates…) et les époques. Ces extraits, mis bout à bout, sont en partie doublés par les authentiques doubleurs de l’époque. Le projet terminé, il apparaît très clairement que, pour des questions de droits, il ne pourra jamais sortir en salles.

Après son unique diffusion, le 31 décembre 1993, commence la circulation clandestine de La Classe américaine. Les copies VHS se passent sous le manteau, avant d’atterrir sur les sites de partage de vidéos dans les années 2000. Devenu un objet audiovisuel totalement autonome, le film est désormais culte.