Jean-Louis (Laurent Lafitte) découvre en rentrant chez lui que son cœur s’est arrêté. Plus un seul battement dans sa poitrine, aucun pouls, rien. Pourtant il est conscient, il parle, se déplace. Ni son ami vétérinaire Michel (Vincent Macaigne), ni son épouse Valérie (Karin Viard) ne trouvent d’explication à ce phénomène. Alors que Jean-Louis panique, Valérie se tourne vers Margaux (Nicole Garcia), sa coach de vie, un peu gourou, pas tout à fait marabout mais très connectée aux forces occultes. Et elle a une solution. Une solution qui va mettre Jean-Louis face au tabou ultime : photographier le sexe de sa mère…
C’est en voyant sur la scène du Théâtre du Rond-Point, en 2013, L’Origine du monde de Sébastien Thiéry, empruntant son titre au tableau célèbre de Gustave Courbet, que Laurent Lafitte y voit le sujet possible d’un film, son premier comme réalisateur. L’intrigue, plaçant des gens ordinaires dans une situation très extraordinaire, évoque un théâtre de l’absurde "light", un vaudeville surréaliste. Hyperactif au cinéma comme à la Comédie-Française, l’acteur mettra sept ans à parfaire son projet, enrichissant l’intrigue, mais allégeant le texte pour donner à cette fable noire, grinçante et cruelle, une texture plus cinématographique. Il insiste aussi sur la dimension sociale de l’histoire, emmenant son récit fantastique vers une satire d’une certaine « bourgeoisie bohème » cherchant à rompre avec ses origines modestes.
L’acteur-réalisateur tient le rôle principal, mais s’est entouré de comédiens à la puissance comique affirmée. Aux côtés de Vincent Macaigne, savoureux dans le rôle du meilleur ami à qui l’on confie la sale besogne, Karin Viard fait preuve de son abattage habituel, montrant notamment des capacités d’hébétude tout à fait spectaculaires. « Valérie est un personnage de farce, donc j’ai joué sans aucune psychologie ou réalisme, explique la comédienne. Il fallait de mon point de vue jouer simplement les situations telles qu’elles se présentaient. Il y a une scène où tout le monde est nu : là encore pour atteindre le comique, il faut être absolument naturel, jouer comme si nous étions habillés. Et atteindre ce naturel, c’est du travail ! Ce film serait passé comme une lettre à la poste dans les années 70. Dans notre société de plus en plus normative, il va peut-être en défriser quelques-uns. Et je m’en réjouis… »
À la sortie, le caractère transgressif du film divise en effet la critique, mais Laurent Lafitte l’assume sans détour : « Cela me rassure de pouvoir rire de tout. C’est là que l’humour devient social et même politique. Et surtout intime donc sincère. La seule limite au cinéma, avec un tel sujet, était la vulgarité. Parler de tout, mais ne pas tout montrer. C’est quand même un film sur le sexe de la femme. Le sexe féminin est bien plus mystérieux que le sexe masculin. »
L’Origine du monde
France, 2020, 1h38, couleurs, format 2.00
Réalisation & scénario Laurent Lafitte, d’après la pièce de théâtre éponyme de Sébastien Thiéry
Photo Axel Cosnefroy
Musique Shirley Bassey, Marie Laforêt
Montage Stéphan Couturier
Décors Samuel Deshors
Costumes Carine Sarfati
Production Alain Attal, Les Films du Trésor
Interprètes Laurent Lafitte (Jean-Louis Bordier), Karin Viard (Valérie Bordier), Vincent Macaigne (Michel Verdoux), Hélène Vincent (Brigitte Bordier), Nicole Garcia (Margaux), Pauline Clément (la vendeuse du magasin de photocopies)
Sélection officielle au Festival de Cannes 2020
Sortie en France 15 septembre 2021
Distributeur Studiocanal
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