L’Enfer des armes

Lumière Classics : 1.Classiques

À Hong Kong, trois amis fabriquent une bombe incendiaire et la placent dans un cinéma. Pearl (Lin Chen-Chi), une jeune fille qui a observé la scène, suit les poseurs de bombe et commence à les manipuler. Les quatre criminels planifient bientôt des actes de plus en plus audacieux.

© Spectrum Films 

Considéré comme une des figures centrales de la Nouvelle Vague hongkongaise, Tsui Hark naît en 1952 au Viêt-nam. Pour échapper à la guerre, sa famille quitte le pays pour Hong Kong en 1966. Très tôt passionné par le cinéma – il réalise des films expérimentaux en 8 mm dès l’âge de 13 ans –, il part étudier aux États-Unis avant de revenir en 1977 à Hong Kong, où il travaille pour la télévision, tournant des séries de type soap. En 1979, il réalise son premier long métrage, Butterfly Murders, dans lequel il revisite le wu xia pan, film de sabre chinois, tout en s’inspirant d’Alfred Hitchcock et de John Carpenter. Cette première réalisation est un échec commercial cuisant mais ne freine en rien Tsui Hark, qui sort une année plus tard Histoires de cannibales, presque immédiatement retiré des salles car jugé scandaleux.

Aussi innovateur et irrévérencieux que ses précédents films, L’Enfer des armes sera surnommé l’"Orange mécanique hongkongais" par la critique internationale. Dans ce polar sanglant, Tsui Hark s’inspire d’un fait divers qui marqua le pays et s’attaque à l’ordre établi. Cela ne plaît évidemment pas à la censure qui interdit la diffusion du film et oblige Tsui Hark à remodeler son œuvre, en coupant et retournant de nombreuses scènes.

« Si le scénario aux multiples rebondissements et l'interprétation ont de quoi surprendre par leur excellence, la mise en scène, quant à elle, laisse pantois. Quelle leçon de cinéma pour nos réalisateurs français, à la caméra figée ! Celle de Tsui Hark se meut jusqu'à nous étourdir, se place sous des angles incroyables qui relèvent à tout moment de la prouesse technique. L'utilisation du format scope y trouve sa parfaite justification. Surprise à tous les niveaux, même celui de la bande son qui reprend le thème de Zombi créé par Goblin avec toutefois plus de lenteurs et de graves, celui d’Oxygène de Jean-Michel Jarre et bien d'autres aussi célèbres mais collant si bien à l'image qu'on les croirait écrits pour l'occasion. […] À 30 ans, Tsui Hark a réalisé l'œuvre la plus belle et la plus dérangeante que nous ait jamais offerte le cinéma de Hong Kong. » (Gilles Polinien, L’Écran fantastique n°22, janvier 1982)

D’une rage et d’une violence incroyables, L’Enfer des armes est le troisième volet de ce que le cinéaste appellera plus tard sa "trilogie du chaos".