Alors que la guerre civile bascule en faveur des Franquistes, le petit Carlos (Fernando Tielve) est placé dans un orphelinat perdu au fin fond de l’Espagne. À sa tête, Carmen, la directrice unijambiste (Marisa Paredes), et le docteur Casares (Federico Luppi) cachent de l’or républicain que convoite leur homme à tout faire, Jacinto (Eduardo Noriega). D’abord bizuté par ses camarades, Carlos gagne peu à peu leur amitié et se persuade que l’orphelinat est hanté…
C’est en Espagne, sous la protection des frères Almodóvar, ici producteurs, que Guillermo del Toro se refait une santé artistique après les déboires de son premier film américain, Mimic (1997), remonté dans son dos par les frères Weinstein. Il a remanié un scénario destiné à être tourné au Mexique (« l’échine du diable » est une route sinueuse dans la sierra Madre), écrit avant Cronos (1992), pour l’adapter au contexte de la guerre civile espagnole. « Quand j'étais plus jeune, explique le cinéaste (Positif n°549, novembre 2006), j'ai été très marqué par des films comme L'Enfance d'Ivan d'Andreï Tarkovski et Le Tambour de Volker Schlöndorff, par le roman L'Oiseau bariolé de Jerzy Kosinski et par les bandes dessinées Paracuellos de Carlos Giménez. Tous ces auteurs m'ont influencé dans leur façon de juxtaposer guerre et enfance. On parle trop rarement des enfants confrontés à la guerre, ou alors c'est pour les montrer en victimes fuyant les combats dans les bras de leur mère. Je voulais les faire sortir de ce rôle passif car j'estime que la guerre est l'acte adulte ultime. Quand on se cache derrière toutes ces conneries que sont l'honneur, la religion, la patrie, je ne peux pas le supporter. Ce ne sont que des abstractions qui offrent aux adultes des excuses pour exclure ceux qui ne leur plaisent pas. Les enfants trouvent au contraire dans l'abstraction une certaine forme de liberté. Celle de voir dans notre monde un endroit magique riche en opportunités. La guerre me semblait un bon moyen d'entrechoquer ces deux approches. » Il trouve dans cette fable noire, dont certaines images violentes évoquent Goya, l’affirmation d’un style : goût pour le romanesque gothique, mise en scène néoclassique portée par d’amples mouvements de caméra, foi dans l’imaginaire, qui s’avère un univers non moins cruel que la réalité mais, au fond, plus juste. Le thème des enfants face à la guerre réapparaîtra dans Le Labyrinthe de Pan (2006).
L’Échine du diable (El espinazo del diablo)
Espagne, 2001, 1h47, couleurs, format 1.85
Réalisation Guillermo del Toro
Scénario Guillermo del Toro, Antonio Trashorras, David Muñoz
Photo Guillermo Navarro
Musique Javier Navarrete ; Carlos Gardel, Camelia Ambart, Raquel Meller
Montage Luis de la Madrid
Décors César Macarrón
Costumes José Vico
Production Agustín Almodóvar, Bertha Navarro, El Deseo, Tequila Gang, Anhelo Producciones
Interprètes Marisa Paredes (Carmen), Eduardo Noriega (Jacinto), Federico Luppi (docteur Casares), Fernando Tielve (Carlos), Iñigo Garcés (Jaime), Irene Visedo (Conchita)
Sortie en Espagne 20 avril 2001
Sortie en France 8 mai 2002
Distributeur Warner Bros.
Restauration 2K supervisée par Guillermo del Toro au laboratoire Deluxe, Madrid.
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox