L’Armée des 12 singes

Les invités du festival / Nouvelles restaurations en présence des cinéastes

An 2035. Les quelques milliers de survivants de la planète sont contraints de vivre sous terre. La surface du globe est devenue inhabitable à la suite d'un virus qui a anéanti 99% de la population. Les rescapés mettent tous leurs espoirs dans un voyage à rebrousse-temps pour découvrir les causes de la catastrophe et la prévenir. C'est James Cole (Bruce Willis), hanté depuis des années par une image incompréhensible, qui est désigné pour cette mission.

 © L’Atelier d’Images

« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance ». L’ouverture de La Jetée (1962) pourrait résumer l’intrigue de L’Armée des 12 singes, dont le court métrage de Chris Marker est le point de départ : l’histoire d’un homme prisonnier de sa mémoire.

David Webb Peoples, scénariste de Blade Runner de Ridley Scott (1982), et son épouse Janet découvrent ce chef-d’œuvre de science-fiction. Ensemble, ils écrivent un scénario, comme une relecture de La Jetée, et le proposent à Terry Gilliam. « L’Armée des 12 singes est seulement le deuxième film dont je n’écris pas moi-même le scénario. Le script des Peoples m’a captivé par sa dimension mystérieuse et sa richesse thématique. Il parle du temps, de la folie, de la perception du monde, du rêve, de la mort, de la résurrection dans un monde au bord de l’abîme. » (Terry Gilliam)

Cinéaste visionnaire, Gilliam livre une œuvre dystopique d’une grande inventivité visuelle. À la croisée d’Enki Bilal et de Franz Kafka, L’Armée des 12 singes est un délire poétique, vertigineux et cruel : on découvre une planète épuisée par les excès humains, dont la surface a été rendue aux animaux libérés de leurs cages par la mystérieuse « Armée des 12 singes », groupe de militants écologiques extrêmes, tandis que la population humaine se terre dans les souterrains.

Chris Marker racontait un voyage dans le temps à l’aide d’images fixes en noir & blanc accompagnées d’une voix off. Terry Gilliam, de son côté, plonge le spectateur dans un univers étrange, chaotique et inquiétant, à la technologie moyenâgeuse, où les temporalités s’entrechoquent dans un jeu d’échos assourdissant.

Avec résignation, L’Armée des 12 singes annonce un destin terrien scellé, un espoir bien vain dans le passé. « Quand j’avais 20 ans, on pouvait encore imaginer un futur à notre planète. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. La Terre court à la catastrophe, mais qui bouge ? Notre génération a cru pouvoir changer le monde, mais nous n’avons rien fait. Ce fatalisme est au cœur de L’Armée des 12 singes : quoi que vous fassiez, vous ne pourrez rien changer… » (Terry Gilliam, Télérama, 28 février 1996)