Jonathan Zimmerman (Bruno Ganz), modeste encadreur, vit à Hambourg avec son épouse et son fils. Malade, le temps lui est déjà compté. Un jour, un Français (Gérard Blain) débarque et lui propose d’exécuter un homme, en France, contre 250 000 marks. Qui est-il ? Comment sait-il que Jonathan est malade ? L’encadreur, inquiet, s’interroge sur sa récente rencontre avec Tom Ripley (Dennis Hopper), un négociant d’art qui fait la navette entre New York et Hambourg.
© Wim Wenders Stiftung Par Films Du Losange
Après Au fil du temps – sans scénario rédigé –, Wim Wenders décide, pour son prochain film, d’adapter une histoire déjà existante. Grand lecteur de polar, il aime les romans de Patricia Highsmith, chez laquelle il apprécie profondeur psychologique et écriture contemporaine : ce sera donc Ripley s’amuse, nouvelle aventure de Tom Ripley, personnage déjà adapté au cinéma par René Clément avec Plein soleil. Un pied sur chaque continent, L’Ami américain oscille entre le film d’auteur allemand et le film noir américain.
Visuellement, Wim Wenders prend le travail du peintre Edward Hopper comme modèle, ses œuvres deviennent littéralement des compagnons de route : « Mon opérateur Robby Müller et moi, nous étions tellement enthousiastes de Hopper (Edward, that is, but Dennis as well) que nous avions toujours ses images avec nous et qu’elles nous ont servi de modèle pour beaucoup de plans. » (Wim Wenders, La tache au soleil se déplace, in Les Pixels de Paul Cézanne et autres regards sur les artistes, L’Arche, 2017) Un environnement blafard, où toutes les villes se ressemblent, où tout le monde a l’air seul.
Selon le romancier Graham Greene, « Patricia Highsmith est la poétesse de l’appréhension plutôt que de la peur ». C’est cette variation que Wim Wenders met en scène. Il dissèque les comportements, filme les bassesses, les petites lâchetés, la fatalité, le vide : une désillusion contemporaine et une part d’ombre qui irriguait déjà son œuvre passée.
Pour incarner les personnages de cet engrenage, le cinéaste réunit un casting de cinéphile. Bruno Ganz et Dennis Hopper évidemment, mais aussi les réalisateurs Jean Eustache, Gérard Blain, Nicholas Ray ou Samuel Fuller. Hommage dans l’hommage, car ce sont, entre autres, les films noirs de ces deux derniers qui ont forgé la culture américaine du jeune cinéaste allemand.
« Le film ne rejoint qu'en apparence les structures dramatiques et l'esthétique hollywoodiennes. Il dit autre chose que le drame policier. […] Les réalités intérieures sont représentées autrement. Le labyrinthe où se débat l'encadreur Jonathan piégé par des forces qui le dépassent (la mafia, les faussaires, le fric, la maladie, la peur), se dessine abstraitement dans l'entrelacement des destinées des personnages, et concrètement dans l'entrecroisement des routes, trains, métros, ponts, escaliers roulants vertigineux. L'ami américain, Tom Ripley, court le monde, à la recherche de lui-même, peut-être, à travers des aventures sanglantes. Il a peur, peur d'avoir peur, comme le disent sans cesse les personnages de Wenders.Le rêve américain se fait cauchemar. Les cinéastes mythiques, Nicholas Ray, Sam Fuller, jouent des rôles de gangsters, parce que, dit Wenders, “ce sont les seuls qui jouent aussi légèrement avec la vie et la mort” dans le cinéma. » (Mireille Pelinq, Jeune Cinéma n°187, avril-mai 1988)
L'Ami américain (Der amerikanische Freund)
République fédérale d’Allemagne, France, 1977, 2h06, couleurs, format 1.66
Réalisation & scénario Wim Wenders, d’après le roman Ripley s’amuse de Patricia Highsmith
Photo Robby Müller
Musique Jürgen Knieper; The Kinks
Montage Peter Przygodda
Décors Heidi Lüdi, Toni Lüdi
Costumes Isolde Nist
Production Wim Wenders, Road Movies Filmproduktion, Wim Wenders Produktion, Les Films du Losange, en association avec Westdeutscher Rundfunk
Interprètes Bruno Ganz (Jonathan Zimmermann), Dennis Hopper (Tom Ripley), Lisa Kreuzer (Marianne Zimmermann), Gérard Blain (Raoul Minot), Nicholas Ray (Derwatt), Samuel Fuller (l’Américain), Peter Lilienthal (Marcangelo), Daniel Schmid (Igraham), Sandy Whitelaw (le médecin parisien), Jean Eustache (l'homme sympathique), Louis Castel (Rodolphe)
Présentation au Festival de Cannes 26 mai 1977
Sortie en République fédérale d’Allemagne 24 juin 1977
Sortie en France 28 septembre 1977
Distributeur Les Films du Losange
Restauration 4K par la Fondation Wim Wenders avec le soutien du FFA-German Federal Film Board.
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