Gladiator

Cultes U.S.

Le général Maximus (Russell Crowe) est le plus fidèle soutien de l’empereur romain Marc Aurèle (Richard Harris), qu’il a conduit de victoire en victoire, avec bravoure et dévouement. Le vieil homme le considère comme son fils et souhaiterait qu’il devienne, après sa mort, le protecteur de Rome. Mais Maximus n’a aucun penchant pour la politique, et n’aspire qu’à retrouver sa famille. Jaloux de Maximus, Commode (Joaquin Phoenix), le fils de Marc Aurèle, s’arroge brutalement le pouvoir, puis ordonne l’arrestation et l’exécution de son rival.

À l’image de la bataille qui ouvre le film, le retour de Ridley Scott avec Gladiator fut exceptionnel. Le cinéaste d’origine britannique, réalisateur d’Alien - Le Huitième passager, Blade Runner ou Thelma et Louise, était dans le creux de la vague depuis 1492 : Christophe Colomb (1992). Avec ce grand spectacle, il rafle de nombreuses récompenses internationales et cinq Oscars, dont celui du meilleur film en 2001.

Aucun péplum n’avait vu le jour depuis plusieurs décennies. Pour cette renaissance, le réalisateur voit grand, usant – avec mesure – des technologies les plus récentes pour recréer, par exemple, le Colisée de Rome au temps de sa splendeur. Si le fond de l’histoire est véridique, Ridley Scott prend néanmoins quelques libertés avec les faits. Fresque historique, militaire et politique, drame familial, jeux du cirque : Gladiator mêle les thématiques dans une progression dramatique maîtrisée et toujours lisible.

Dans un système corrompu, les (faux) frères sont ennemis. L’héritier de cœur, Maximus, est un général victorieux, humble et loyal. L’héritier de sang, Commode, est malade d’envie, de frustration et de jalousie. Devenu empereur et parricide,ildécide d’éliminer son rival. Russel Crowe, impeccable, campe un Maximus devenu gladiateur après avoir été vendu comme esclave, affrontant des combats d’une rare sauvagerie (qu’on imagine d’ailleurs davantage qu’on ne les voit).

Le succès du film a déclenché un intérêt nouveau pour l’Antiquité gréco-romaine et les productions spectaculaires fleurirent, comme, entre dix autres, Troie (Wolfgang Petersen, 2004), 300 (Zack Snyder, 2006) et surtout la remarquable série Rome (2005-2007).

« Oscar Wilde, je crois, disait que notre seul devoir envers l'Histoire, c'est de la réécrire. "Devoir" peut-être inévitable, puisque l'Histoire, on le sait bien, n'existe pas ; ou n'existe que de façon abstraite et inaccessible, en dehors des lectures et interprétations infiniment diverses qu'en font les époques, les individus, les modes, les idéologies […]. Gladiator est un film très actuel, non seulement par son style, mais par son recours insistant à la métaphore du spectacle, particulièrement pertinente à une époque qui tend à confondre virtuel et réel, où les médias transforment systématiquement l'information en divertissement. Reality shows et docudramas sont les circenses de la populace moderne – et le côté video game de nombreux films d'action de ces dernières années n'est pas absent non plus du néo-péplum de Scott. Son succès commercial, mérité, prouve que l'entreprise de ressuscitation de ce genre désuet, sous des aspects d'audacieux pari, n'était pas, en fin de compte, un mauvais calcul. » (Jean-Pierre Coursodon, Positif n°473/474, juillet/août 2000)