Enter the Void

Prix Lumière : Wim Wenders / Carte blanche à Wim Wenders   

Oscar (Nathaniel Brown) vit à Tokyo avec sa sœur Linda (Paz de la Huerta). Elle est strip-teaseuse, il vit de petits deals. Un soir, lors d’une descente de police, Oscar est abattu. Son esprit s’attarde sur Terre et survole Tokyo. Au cours de cet ultime voyage, se mêlent visions passées, présentes et futures. Fidèle à sa promesse de ne jamais quitter sa sœur, Oscar veille une dernière fois sur Linda et tous ceux qu’il laisse derrière lui.

Huit ans après l’onde de choc provoquée par Irréversible, Gaspar Noé fait, avec Enter the Void, un retour fracassant.

Le cinéaste porte, pendant près de dix ans, ce projet audacieux. Il déplace son action, initialement située à Paris, dans un Tokyo artificiel, qui imprime son aura stroboscopique sur le périple posthume d’Oscar. Réalisateur habitué à créer la polémique, Noé se montre à la hauteur de sa réputation et divise le public cannois. Présenté sur la Croisette dans une version encore provisoire, ce film ovni est à la fois acclamé et sifflé.

Odyssée psychédélique, Enter the Void, conjugue avec maestria cinéma et expérimentation. Adoptant le point de vue subjectif d’Oscar, la caméra virevolte, plane, rivalise d’ingéniosité. Noé multiplie les expériences sensorielles, jusqu’au vertige. Cet enfer psychotrope, le cinéaste l’emprunte au Bardo Thödol, le livre des morts tibétain, dont il utilise les étapes comme autant de ressorts narratifs.

Gaspar Noé, cinéaste à l’œuvre exigeante, livre, avec Enter the Void, une ballade hallucinée, une virée sous substance qui nous laisse étourdis et éprouvés.

« Le troisième long métrage de Gaspar Noé, avec sa caméra qui vrille les esprits et les chairs, prouve ce qu’on avait pressenti dès Seul contre tous. Gaspar Noé est le plus réaliste de nos réalisateurs – le seul peut-être.  Parce qu’Enter the Void n’a qu’un seul sujet : le fonctionnement intime de cette machinerie mentale et physique qu’est l’homme. Gaspar Noé est le chirurgien du cinéma. » (Damien Aubel, Transfuge, mai 2010)