Dans un petit monde régi par la superstition, un potier reclus, surnommé "Dragon" (Radovan Lukavský), est chassé de son village de montagne et réduit à l’exil. Des années plus tard, il revient dans le but de regagner la confiance des villageois, mais doit faire face à leur suspicion, à leur culpabilité et à leur violence.
Troisième film d’Eduard Grecner, Dragon est de retour est adapté d’un roman majeur de la littérature tchécoslovaque, Drak sa vracia de Dobroslav Chrobak, datant de 1943. Le cinéaste, né en 1931, découvre ce texte alors qu’il est encore lycéen et est immédiatement ébloui. En 1956, il écrit une première version du scénario, mais alors étudiant à la FAMU – la Faculté de cinéma et télévision, berceau de la future Nouvelle Vague tchécoslovaque –, il pense ne pas encore avoir les armes pour en entreprendre l’adaptation, l’univers de Chrobak lui apparaissant particulièrement difficile à porter à l’écran.
Après ses études et la réalisation de deux longs métrages, Grecner est prêt à tourner Dragon est de retour, mais le thème du film ne convainc pas les producteurs, qui préféreraient une œuvre plus « socialiste ». Le cinéaste finira par les persuader, en expliquant vouloir « mettre les trésors de la littérature slovaque sur pellicule ». « Mais ce prétexte diplomatique était également vrai. La prose de Chrobak est un tel trésor : la forme lyrique de l'histoire, minimale dans les dialogues et riche de l'atmosphère du paysage et des gens que j'aime. J'ai ensuite lutté pour donner une forme visuelle à ce texte en prose suggestif – en d'autres termes, j'ai lutté pour ne pas "gâcher" sa beauté » (Eduard Grecner).
Dans un magnifique noir & blanc, avec une bande originale minimaliste et une narration qui réfère à des temps immémoriaux, Grecner donne à son œuvre un aspect magique, plus intense encore que celui du roman adapté. Film-clé de l’âge d’or du cinéma slovaque, Dragon est de retour réussit la fusion du folklore slovaque et du modernisme expérimental.
« Le lien entre l'art populaire, en tant qu'héritage naïf d'une culture en voie de disparition (préservé dans le folklore), et l'art moderne (c'est-à-dire l'art moderne de l'époque) m'a inspiré dès le début de ma carrière. Dans Dragon est de retour, cette idée que nos lointains ancêtres ont une sorte de résonance dans notre propre époque est délibérée et dominante. Cependant, cette idée est dépouillée de toutes les caractéristiques extérieures du folklore ; il s'agit simplement de la nécessité de capturer l'âme de celui-ci. » (Eduard Grecner, dans un entretien avec Jonathan Owen, juillet 2015)
Dragon est de retour (Drak sa vracia)
Tchécoslovaquie, 1968, 1h25, noir et blanc, format 1.66
Réalisation & Scénario Eduard Grecner, d’après le roman Drak sa vracia de Dobroslav Chrobak
Photo Vincent Rosinec
Musique Ilja Zeljenka
Montage Bedrich Voderka
Décors Anton Krajcovic
Costumes Milan Laluha
Production Studio Hraných Filmov Bratislava
Interprètes Radovan Lukavský ("Dragon"), Gustáv Valach (Simon), Emília Vásáryová (Eva), Viliam Polónyi (le maire du village), Jela Buckova (Zoska), Pavol Chrobák (Mlcúch), Mikulás Ladizinský (Vrtich), Ivan Macho (l’homme dans le pub), Jan Pelech (le pasteur Kubus)
Sortie en Tchécoslovaquie 10 mai 1968
Distributeur Slovak Film Institute
Restauration 2K par le Slovak Film Institute. Sous-titrage français créé spécialement pour le festival.
Film ayant reçu le label
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