Con la vida hicieron fuego

Histoire permanente des femmes cinéastes : Ana Mariscal

Après s’être exilé en Amérique, Quico Carola (Georges Rigaud), ancien combattant franquiste, revient dans les Asturies, où il retrouve des connaissances de jeunesse. Quico cherche une épouse afin d’oublier la mort de sa compagne. Dans un village voisin, il retrouve Armandina (Ana Mariscal), veuve de son meilleur ami.

 
© Filmoteca Española

Après la création de sa maison de production et sa première réalisation en 1953, Ana Mariscal, toujours actrice et comédienne de théâtre, part travailler en Argentine pendant deux années. Elle dira plus tard avoir vu avec angoisse « comment les Espagnols en exil étouffaient leurs larmes de nostalgie » et avoir perçu « le besoin de réconciliation ». À son retour, elle décide d’adapter le roman Con la vida hicieron fuego, publié en 1953 par Jesús Evaristo Casariego, auteur originaire des Asturies. Comme dans plusieurs ouvrages de Casariego (qui signe le scénario du film), l’histoire a pour arrière-plan le contexte historique et politique de l’Espagne franquiste.

Point de départ du film : le retour de Quico. Pour expliquer ce qu’il s’est passé auparavant, Ana Mariscal utilise le flashback. Ici, les fantômes de la guerre civile sont partout, dans tous les camps. Ainsi Quico a vu sa compagne fusillée en 1936 pour avoir espionné les troupes rebelles. De son côté, Armandina (interprétée par la cinéaste, qui assume toujours des rôles cruciaux dans ses films) a perdu son mari, assassiné pour son engagement auprès des Républicains. Comment continuer à vivre ? Comment s’entendre ? Et comment revenir quand on s’est exilé pendant la guerre civile ? Con la vida hicieron fuego aborde également la question des femmes et de leur résistance face aux injonctions et aux traditions de la société espagnole.

Dans ce drame sentimental, la jeune génération est priée d’aller de l’avant, mais ceux qui ont perdu les leurs semblent condamnés à la nostalgie. « Con la vida hicieron fuego […] parle sans manichéisme de la blessure que la guerre a ouverte – et qui continue de saigner silencieusement – entre des amis, des familles, des gens qui se sont aimés. » (Sonia García López)