Cinq tulipes rouges

Lumière Classics : 2. Trésors et curiosités

Une journaliste du nom de "Colonelle" (Suzanne Dehelly) et le commissaire Honoré Ricoul (Jean Brochard) tentent de démasquer l'auteur de cinq assassinats commis pendant le Tour de France 1948, chaque meurtre étant "signé" par une tulipe rouge.

 © Pathé films

Journaliste, comédien au théâtre et au cinéma, puis assistant de Julien Duvivier, Jean Stelli tourne en 1935 son premier long métrage – coréalisé avec Claude Heymann –, Jeunesse d’abord. S’ensuivra une trentaine de films, dont le mélodrame Le Voile bleu (1942), immense succès sous l’Occupation, exporté dans de nombreux pays.

Film policier, où un tueur en série assassine ses victimes en plein Tour de France, Cinq tulipes rouges met en scène un commissaire rondouillard et moustachu incarné par Jean Brochard, figure du cinéma français des années 30 à 50. Ce dernier est accompagné par une journaliste du nom de "Colonelle", portant pantalon et casquette, dans un style à la "garçonne". Et c’est bien elle qui connaît tous les dessous de la course et permettra au commissaire de résoudre son enquête.

Pour l’anecdote, Pierre Louis, qui incarne le coureur Charolles, un « géant de la route », s’est entraîné aux côtés de deux cyclistes vedettes : Georges Speicher – auquel il empruntera son vélo pour le tournage – et Fernand Mithouard. Après plusieurs tours des lacs du bois de Boulogne et de l’hippodrome de Longchamp, l’acteur dut prouver sa valeur dans une épreuve de résistance : 50 kilomètres sur route sans boire, comprenant la montée de la côte du Pecq. Ce jour-là, l’acteur faillit abandonner l’entraînement et son rôle, puis se ravisa.

«Cinq tulipes rouges, sans gloire ni grande valeur cinéphile, préfigure pourtant ce qui, plus tard, impressionne dans de plus grands films : des ombres effrayantes (M le Maudit), un personnage double (Psychose), un Paris englouti (celui de René Clair et de Fantômas) et une figure androgyne que l'on aimera, dédoublée, dans Sylvia Scarlett. Bien sûr Jean Stelli, l'auteur du Voile bleu (le grand hit des années d'Occupation) n'est ni Cukor ni Lang ni Hitchcock. Et Suzanne Dehelly, l'inoubliable interprète d'Il a mal aux reins, Tintin n'a pas l'allure de Katharine Hepburn. Mais, aux derniers plans, elle s'éloigne avec une étrange mélancolie : “Il faudra bien quelqu'un pour raconter cette histoire...”. Là finit le nanar. Commence le cinéma. » (Philippe Piazzo, Jeune Cinéma n° 361/362, automne 2014)