À Cinecittà, dans l'Italie d'après-guerre, le réalisateur Alessandro Blasetti lance un casting pour trouver l'enfant de son prochain film. Maddalena (Anna Magnani) y voit l'occasion pour sa fille Maria (Tina Apicella) de vivre une vie meilleure. Elle sacrifie alors son mariage et ses économies pour lui offrir les leçons qui feront d'elle une star.
© Film Bellissima / DR
Depuis Rome, ville ouverte (1945) de Roberto Rossellini, Anna Magnani est le symbole du néoréalisme italien. En 1951, Luchino Visconti lui confie le rôle de Maddalena, héroïne de son troisième film, Bellissima, réflexion critique sur ce fameux nouveau cinéma d’après-guerre. L’actrice y joue le rôle d’une mère abusive, femme du peuple obsédée par les feux de la rampe et par Hollywood, dont elle rêve chaque nuit pour sa fille.
« L'histoire était vraiment un prétexte. […] Le vrai sujet c'était Magnani. Je voulais faire avec elle le portrait d'une femme, d’une mère moderne, et je crois l'avoir assez bien réussi, parce que Magnani m'a prêté son énorme talent, sa personnalité. C’est cela qui m’intéressait. Non pas tellement le milieu du cinéma. On a dit que j’avais voulu peindre ce milieu d’une façon ironique, méchante. Non, ça ce n’était qu’une conséquence. » (Luchino Visconti, Cahiers du cinéma n°93, mars 1959)
Le cinéaste modifie en effet largement le scénario original de Cesare Zavattini, auteur-phare du néoréalisme, et travaille pour la première fois avec Suso Cecchi D'Amico, avec laquelle il écrira la plupart de ses scénarios. Et plus Visconti modifie le scénario, plus Bellissima se recentre sur son héroïne, avant de devenir essentiellement une ode à Anna Magnani, pour qui le cinéaste admet avoir une admiration et une tendresse infinies, malgré son caractère explosif et passionnel. Celle-ci se révèle bouleversante dans ce personnage de mère louve, qu'on retrouvera en 1962 dans Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini.
« Le visage de la Magnani était si mobile, si changeant que, dira-t-il, on y “recueillait l'expression de milliers de créatures”, et aussi les mille expressions, méfiance et naïveté, maturité et jeunesse, ardeur et ironie, vitalité et mélancolie d'une créature unique, la Mère vénérée. Plus que de jouer sur l'expressivité fébrile et le pittoresque du personnage, Visconti en fit ressortir la dignité, et presque le stoïcisme, l'opposant dans le finale au caquet hystérique du chœur des autres femmes. […] Transfigurée, ennoblie, embellie, la Magnani devenait, dans un rêve utopique et nostalgique, la Madone à l'Enfant, garante sereine des valeurs familiales qu'elle avait elle-même imprudemment aventurées. » (Laurence Schifano, Luchino Visconti, Les feux de la passion, Perrin, 1975)
Bellissima
Italie, 1951, 1h55, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Luchino Visconti
Scénario Cesare Zavattini, Suso Cecchi D'Amico, Francesco Rosi, Luchino Visconti
Photo Piero Portalupi, Paul Ronald
Musique Franco Mannino ; Gaetano Donizetti, Dino Olivieri, C. Deani
Montage Mario Serandrei
Décors Gianni Polidori
Costumes Piero Tosi
Production Salvo D'Angelo, Società Film Bellissima
Distributeur Les Films du Camélia
Interprètes Anna Magnani (Maddalena Cecconi), Walter Chiari (Alberto Annovazzi), Tina Apicella (Maria Cecconi), Gastone Renzelli (Spartaco Cecconi),Tecla Scarano (Tilde Sperlanzoni), Arturo Bragaglia (le photographe),Lola Braccini (l’épouse du photographe), Linda Sini (Mimetta), Liliana Mancini (Iris), Nora Ricci (la vendeuse), Gisella Monaldi (la concierge), Teresa Battaggi (la mère snob), Alessandro Blasetti (dans son propre rôle)
Sortie en Italie 4 janvier 1952
Présentation à la Berlinale juin 1952
Sortie en France 12 avril 1961
Droits Les Films du Camélia
Copie Cineteca Nazionale
Restauration 4K par la CSC-Cineteca Nazionale di Roma, en collaboration avec Compass film.
Film ayant reçu le label
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