Après la mort de leur fille Durga, Harihar, le père (Kanu Banerjee) et Sarbajaya, la mère (Karuna Banerjee) du petit Apu (Pinaki Sengupta) ont quitté leur village avec leur fils et se sont installés à Bénarès. Le garçon découvre avec joie cette grande ville et son fleuve, tandis que son père y fait la lecture publique de textes sacrés. Mais le père, malade, meurt et la mère, pour survivre, devient cuisinière dans une famille riche. Sur les conseils d’un aïeul, elle décide de repartir avec Apu dans leur village natal afin de former son fils au sacerdoce.
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« Bénarès, 20 mars 1956 – Filmé la scène où Harihar s’écroule sur les marches du Chowshati Ghat. Très bon travail. Un vent violent agitait la surface du fleuve et rendait la scène plus vivante encore. Kanu Babu tombe avec beaucoup de réalisme, mais se fait une mauvaise coupure au genou. Un cadavre tuméfié descend le fleuve et passe non loin du rivage et de la caméra. Les baigneurs n’y font pas attention. Probablement un spectacle courant. » (Satyajit Ray, Écrits sur le cinéma, Ramsay, 1985)
Récompensé par le Lion d’or à la Mostra de Venise pour ces qualités essentielles que sont « la simplicité d’expression et la sincérité de l’inspiration », le second opus de la Trilogie d’Apu installe définitivement son auteur dans le cinéma contemporain.
L’Invaincu est un film pudique, marqué du sceau de la dualité : la nature de La Complainte du sentier face à la foule des villes de Bénarès et de Calcutta, le devoir familial ou les désirs personnels, la tradition ou la modernité. Adolescent, puis jeune adulte, Apu est aux prises avec les événements, n’est pas maître de son destin. C’est la fin de l’enfance, la fin de l’absence de souci, la fin de la légèreté. Apu fait le choix des études, de la science, en lieu et place d’un destin tracé de religieux, mais il le paie violemment. Il s’installe à Calcutta, dont il fréquente l’université et visite quand il le peut sa mère, restée seule au village. Le train – motif déjà présent dans le premier volet, lorsque Apu et sa sœur, aux bords des rails, regardent passer les wagons à toute vitesse – signifie certes l’élargissement géographique, mais aussi la séparation définitive. Désormais Apu est seul.
« Aparajito, réalisé dans des conditions très normales par la même équipe que celle de Pather Panchali confirme pleinement ce qui pouvait nous plaire et nous attacher dans le premier. Certes, les influences sont sensibles : Donskoï, Flaherty, Renoir… notamment, mais parfaitement assimilées et transposées. Satyajit Ray, jeune géant à la peau dont le brun bleuté s’accuse de la blancheur immaculée du vêtement, s’explique du reste avec une clarté, une franchise et une lucidité qui rassurent. On sent en lui toute la culture nécessaire (cinématographique et autre), mais aussi la décision, l’énergie, et, pourquoi ne pas dire, le sens politique – entendu au sens noble et large – qui doivent insérer ses films dans la sensibilité et les besoins de l’Inde contemporaine. » (André Bazin, Cahiers du cinéma n°75, octobre 1957)
Aparajito / L'Invaincu (Aparajito)
Inde, 1956, 1h50, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario Satyajit Ray, d’après le roman éponyme de Bibhutibhushan Bandyopadhyay
Photo Subrata Mitra
Musique Ravi Shankar
Montage Dulal Dutta
Décors Bansi Chandragupta
Production Satyajit Ray, Epic Productions
Interprètes Kanu Banerjee (Harihar, le père), Karuna Banerjee (Sarbajaya, la mère), Pinaki Sengupta (Apu, enfant), Smaran Ghosal (Apu, adolescent)
Sortie en Inde 11 octobre 1956
Présentation à la Mostra de Venise 4 septembre 1957
Sortie en France 11 décembre 1957
Distributeur Les Acacias
Restauration 4K réalisée par la Criterion Collection en collaboration avec l'Academy Film Archive de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences avec le soutien de L'Immagine Ritrovata
Film ayant reçu le label
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