Alice au pays des merveilles

Le festival Lumière pour les enfants

Assise dans l'herbe par une chaude après-midi d'été, Alice écoute distraitement la leçon d'Histoire de sa grande sœur et se laisse aller à sa rêverie. Elle est surprise par un lapin, une montre à la main, courant et criant « Je suis en retard ! ». Se lançant à sa poursuite, Alice pénètre dans son terrier, tombe dans un puits interminable et se retrouve dans un monde étrange, peuplé d'insolites créatures.

En 1923, au début de sa carrière hollywoodienne, Walt Disney signe Alice Comedies, série composée d’un pilote et de cinquante-six épisodes muets, en noir & blanc, mêlant animation et prises de vue réelles. Après le succès de Blanche-Neige (1937), le producteur se démène pour trouver la bonne façon de porter à l’écran le personnage iconique de Lewis Carroll, mais doit mettre en pause le projet durant la Seconde Guerre mondiale. S’il pense un temps faire appel à une actrice, comme dans la série des années 20, il opte finalement pour une animation classique et fait écrire un scénario qui associe Les Aventures d'Alice au pays des merveilles et Ce qu’Alice trouva de l'autre côté du miroir de Lewis Carroll.

Alice au pays des merveilles sort finalement en 1951, après des années de travail laborieux sur le scénario et l’animation. Après le succès retentissant de Cendrillon, sorti une année plus tôt, le film est un échec cuisant, spectateurs et critiques accusant Disney d’avoir pris trop de libertés avec l’œuvre originelle.

C’est plus d’une décennie plus tard qu’Alice au pays des merveilles trouvera un public : les étudiants hippies des universités américaines, qui louent le film en 16mm. Les ouvrages de Lewis Carroll et son adaptation par Disney deviennent ainsi une des bases de la culture psychédélique, inspirant notamment le célèbre morceau du Jefferson Airplane White Rabbit. « Beaucoup d'entre nous associent également les drogues, en particulier les drogues hallucinogènes, à Alice. En effet, le voyage d'Alice peut être lu comme une allégorie d'une expérience intense de la drogue. En reformulant légèrement l'intrigue, Alice se perd et tente de retrouver le chemin de la réalité normale. L'histoire contient des allusions spécifiques : la chenille fume un narguilé, Alice boit des liquides mystérieux et mange des champignons, ses interprétations du temps et de l'espace sont modifiées et l'impossible devient quotidien. L'association avec Alice est si bien établie qu’"Alice" est aujourd'hui un terme d'argot pour désigner le LSD ». (S.F. Parker, Alice in Wonderland and Philosophy: Curiouser and Curiouser, John Wiley & Sons, 2010)

Plusieurs entrées possibles donc pour ce désormais classique de la maison Disney…