Adieu chérie

Lumière Classics : 1.Classiques

"Chérie" (Danielle Darrieux), une entraîneuse de Montmartre, fait visiter Paris à de riches étrangers. Au cours d'une rafle dans un tripot clandestin, elle rencontre Bruno Brétillac (Jacques Berthier), jeune bourgeois qui fuit le mariage d'intérêt que sa famille veut lui imposer. Pour l'éviter, il propose une affaire à la jeune femme : un mariage blanc. La première tâche de Chérie est alors de conquérir la famille Brétillac...

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À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, profondément affecté par les déportations (son père, Tristan, a été emprisonné à Drancy) et par l’Occupation, Raymond Bernard réalise Un ami viendra ce soir, dans lequel il dénonce le nazisme et rend hommage à la Résistance. Le film fut mal compris et Adieu chérie, tourné quelques mois plus tard, est plus léger. On y retrouve l'entrain et l'humour du réalisateur dans une comédie aux dialogues spirituels – en particulier certaines répliques de Danielle Darrieux – écrits par Marc-Gilbert Sauvajon. Il s’agit de l'unique collaboration de Raymond Bernard avec Sauvajon, choisi par la production pour l’associer aux scénaristes Jacques Companeez et Alex Joffé. Ce dernier se prépare à une carrière de films comiques – il réalisera notamment Les Hussards en 1955 avec Bourvil, Bernard Blier et Louis de Funès.

Pour autant, le rire sait aussi laisser la place au drame et Adieu Chérie ne cède pas à la tentation du happy-ending. Il dénonce l'hypocrisie d'un milieu bourgeois intéressé qui tient à tout prix à sauver les apparences. Cet aspect évoque un peu le thème du Coupable, réalisé par Bernard en 1936, au ton cependant plus dur et virulent.

Ne démentant pas la popularité de Raymond Bernard, acquise plus de vingt ans auparavant, Adieu chérie connaît un énorme succès, avec plus de deux millions de spectateurs.

« Adieu chérie est riche de situations neuves par les gags dont elles sont émaillées. L'action rebondit. Et les dialogues pétillants de Marc-Gilbert Sauvajon la soutiennent. C'est une comédie gaie, aux situations vaudevillesques qui tourne au drame sans que cette évolution soit choquante. Raymond Bernard a su lui donner un rythme allègre, et passer du rire à l'émotion, du cynisme à la tendresse, avec un rare bonheur. Sa mise en scène est ingénieuse : Hollywood pourrait envier la qualité technique des scènes du tripot avec le changement à vue du décor, les séquences du mariage et du départ, entre autres. La photographie est très belle et les extérieurs provençaux sont d'une jolie luminosité. Enfin, le dénouement ne fait pas de concession au goût du public, bien que l'on ait eu, un moment, l'impression que tout allait "s’arranger". » (Armand Macé, La Dépêche de Paris, 10 décembre 1946)