Posté le 17.10.2023
« Quand je termine un film, je le mets de côté et ne le revois jamais », dit Taylor Hackford en 2005. Pourtant, il faut revenir sur l’œuvre du cinéaste américain peuplée de héros toujours sur la brèche.
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La première image de fiction de Taylor Hackford, scénariste, réalisateur et producteur, est celle d’un américain de 17 ans, suivi par une caméra dans Los Angeles. L’adolescent aussi naturel qu’émouvant, attend la naissance de son enfant, avec sa copine qui a 15 ans. Teenage Father (1978), Oscar du meilleur court-métrage, est traité comme un reportage. C’est normal car Hackford vient du documentaire. Dans les années 60, il part en Bolivie avec les Volontaires de la paix, sorte d’ONG auprès de pays en développement. Là, il filme avec sa Super 8 ce qu’il voit, dont la jeunesse en difficulté. C’est peut-être pour cela qu’il filmera avec un naturel attachant les chicanos des quartiers pauvres de Los Angeles, dans : Les Princes des villes (1993).
Hackford se forme en travaillant pour la KCET, télévision du service public de L.A.. Il y réalise des documentaires, en garde un goût certain puisqu’il produit Bukowski (1973) de Richard Davies, et le fabuleux When we were kings (1996) de Leon Gast. De son observation du monde, Hackford tire un cinéma de fiction résolument populaire et romanesque. Tout le monde se souvient de la fin géniale entre la jeune ouvrière et le héros militaire aux origines prolétaires d’Officier et gentleman (1982), film qui le révèle au grand public. Suivront Soleil de nuit (1985) toujours sur le destin d’un homme jeune en plein contexte géopolitique de guerre froide soviétique, et L’Associé du diable (1997) ou comment le héros joué par Keanu Reeves doit échapper au capitalisme effréné incarné par un diable délirant interprété par Al Pacino. L’autre point commun à ces films : un vrai sens du suspense, comme dans le thriller Contre toute attente (1984).
Autre passion d’Hackford : la musique qu’il a beaucoup filmée. Là encore il a le goût du populaire. On se souvient de la B.O. emballante d’Officier et gentleman, ou de la chanson Say You, Say Me de Lionel Richie pour Soleil de nuit. En 1987, il signe un documentaire formidable Hail ! Hail ! Rock’n Roll. Et bien sûr le biopic consacré à Ray Charles, Ray (2004) qui valut à Jamie Foxx l’Oscar du meilleur acteur. L’ambition d’Hackford était de pousser le public à se lever pour danser.
« Je suis donc allée rencontrer Taylor Hackford, déjà légèrement fâchée, et refusant de ressembler à une étoile du Ballet Kirov. Il est en retard et j'attends dans le bureau, en colère, en jetant un coup d'œil à la fille qui se trouve à côté. Je ne sens insultée. Si je suis capable d'arriver à l'heure, lui aussi. 15 minutes s'écoulent. Je me dis : "Bon, je vais attendre 20 minutes en tout. C'est la limite". 5 autres minutes s'écoulent et je me lève pour partir, disant à la secrétaire alarmée que je m'en vais. Je me dirige vers la porte et, au moment où j'attrape la poignée, Taylor entre - et entre aussi dans les prochaines années de ma vie, et ce n'est pas fini. »
La grande actrice anglaise Helen Mirren à propos deTaylor Hackford, qui partage désormais sa vie, pour le casting de Soleil de nuit.
Virginie Apiou
SÉANCES
Les Princes de la ville de Taylor Hackford (Bound By Honor/Blood In Blood Out, 1993, 3h, int -16ans)
Institut Lumière (Hangar) - Mardi 17 octobre à 20h
Cinéma Opéra - Jeudi 19 octobre à 20h
Ray de Taylor Hackford (2004, 2h32)
Pathé Bellecour - Mardi 17 octobre à 14h45
UGC Astoria - Jeudi 19 octobre à 14h30
L’Associé du diable de Taylor Hackford (The Devil’s Advocate, 1997, 2h24, int -12 ans)
Pathé Bellecour - Mercredi 18 octobre, 20h30
Lumière Bellecour - Jeudi 19 octobre à 19h
Soleil de nuit de Taylor Hackford (White Nights, 1985, 2h16)
Institut Lumière (Villa) - Mardi 17 octobre à 19h45
Pathé Bellecour - Mercredi 18 octobre à 16h45