Rintaro :

« La version française d'Albator a été un choc ! »
  


Posté le 21.10.2023


 

Quand il découvre le film soviétique La Fleur de pierre à 8 ans, le futur créateur d’Albator est saisi par la beauté du cinéma. Il s’est épanché sur son extraordinaire carrière.

DÉCOUVERTE DU CINÉMA EUROPÉEN

Mon père m’a permis de découvrir le cinéma occidental, il rêvait de cinéma mais il a été contrarié par la guerre. Il fréquentait une salle d’Art et d’Essai et m’emmenait voir les films français et italiens, dont certains n’étaient pas du tout destinés aux enfants car j’avais 13 ans. Je me suis même demandé si mon père n’essayait pas de faire mon éducation sexuelle de cette façon ! Quand un préado de 13 ans regarde des films étrangers sous-titrés, c’est toujours un peu difficile à lire, alors ce qui m’intéressait le plus, c’étaient les fesses des femmes occidentales ! Le premier choc a été quand j’ai vu Silvana Mangano dans Riz amer (1949). J’adore Simone Signoret car j’aime les femmes fatales et de caractère.

Rintaro-master_learener_175
© Léa Rener


L’IMPORTANCE DE LA MUSIQUE

Le cinéma est un art complet, il y a le scénario, le décor, les personnages, mais, parmi tous ces éléments, la musique tient une place particulière, autant que l’image. Avant même d’écrire le story board, je réfléchis à la musique. Beaucoup de choses m’ont inspiré, mais surtout les films noirs français et le jazz moderne — Art Blakey et les Jazz Messengers, Miles Davis. L’utilisation de la musique dans Les Sept Samouraïs par Kurosawa est exceptionnelle. J’écoute toujours du Pink Floyd et du Jean-Sébastien Bach en quête d’inspiration. Ensuite, c’est comme si les informations musicales me venaient du ciel.

ALBATOR

Un jour on m’a dit qu’Albator rencontrait un grand succès en France et c’était vraiment inespéré pour moi. Beaucoup plus tard, j’ai regardé la version française et là, ça a été un gros choc. Je le dis très honnêtement, moi qui ai adoré l’utilisation de la musique dans les films français, quand j’ai vu la version française, elle n’avait rien à voir avec la version originale. Par exemple il y a un plan ou l’on voit Albator de dos et j’avais mis une musique très douce et calme pour que l’on sente son personnage, son intériorité. En France, on entend une musique très légère et joyeuse, quel choc pour moi.

Rintaro Master Learener 175© Léa Rener


CHANGEMENT ET CONTINUITÉ

En tant qu’artiste, j’avais un grand complexe dont je n’osais pas parler : je me lasse facilement. Si je fais une chose, je passe à autre chose. Or j’étais persuadé que les artistes devaient avoir une certaine continuité. C’était presque un trauma mais un peintre japonais, un très grand artiste a dit un jour qu’il se lassait facilement et aimait changer de style à chaque peinture. Quand je l’ai entendu, je me suis dit que je pouvais être comme lui et j’ai été moins complexé.

 


Propos recueillis par Charlotte Pavard


 

© Olivier Chassignole

Catégories : Lecture zen