Posté le 20.10.2023
Elsa Heizmann, directrice des Relations de la Mode avec le Cinéma, détaille la synergie singulière entre le 7e art et la maison Chanel, partenaire fidèle du festival Lumière.
Qu’est-ce qui lie particulièrement Chanel à l’édition 2023 du festival Lumière ?
La richesse de ce festival vient, à mon sens, de son rapport à la création et aux créateurs. En tant que partenaires du festival depuis 2021, nous sommes sensibles à la programmation mise en place à Lyon, ville de naissance du cinématographe. Cette année le festival rend hommage à Wim Wenders en lui décer-nant le Prix Lumière 2023. En plus de la reconnaissance que cela représente pour Wim Wenders et les amoureux de son cinéma, nous sommes heureux que le film Chambre 999 de Lubna Playoust, dont Chanel est le partenaire, soit présenté dans la section Lumière Classics. En écho à Room 666 de Wim Wenders, Lubna Playoust a recréé un dispositif similaire à celui de 1982, en interrogeant des cinéastes contemporains sur l’avenir du cinéma.
Et puis, bien sûr, il y a d’autres actualités qui nous tiennent à cœur et c’est pourquoi nous avons renouvelé notre soutien aux projections et aux rencontres avec les invités, notamment avec le cycle « Histoire permanente des femmes cinéastes » qui est cette année consacré à la cinéaste Ana Mariscal, exemple de détermination et d’engagement.
Enfin, côté films classiques, nous avons aussi le plaisir de voir au programme des œuvres phares ou réalisées par des cinéastes proches de Gabrielle Chanel comme Bellissima de Luchino Visconti, La Bête humaine de Jean Renoir, dans lequel l’actrice Simone Simon porte un tailleur Chanel, mais aussi le film Talons aiguilles de Pedro Almodóvar, dont Chanel avait réalisé les tailleurs aux couleurs acidulées, avec la présence de l’actrice Marisa Paredes au festival.
Comment la relation entre Chanel et le cinéma s'inscrit-t-elle au présent ?
Les relations entre le septième art et la Maison Chanel sont historiques : Gabrielle Chanel s’y intéresse dès le début du XXe siècle. Elle habille de grandes actrices à l’écran comme à la ville et fréquente des cinéastes de renom, comme Robert Bresson ou Alain Resnais. Après elle, la Maison a poursuivi ce dialogue avec les plus grands réalisateurs, notamment à l’occasion de commandes de films pour le N°5. Virginie Viard étend aujourd’hui ces liens, fondés sur un amour profond pour le cinéma et ceux qui le font, en les accompagnant dans leurs projets. Il peut s’agir de la conception de costumes comme pour Jeanne du Barry de Maïwenn, Priscilla de Sofia Coppola, ou pour le film-phénomène Barbie de Greta Gerwig.
Nous sommes convaincus que mode et cinéma se répondent et s’inspirent mutuellement en quelque sorte.
Pour Chanel, comment s’établit le dialogue entre les cinéastes et les créations de la Maison ? C’est un échange mutuel ?
L’équipe en charge des relations cinéma soutient et accompagne les actrices, cinéastes et talents proches de la Maison dans leurs projets artistiques. Cette démarche, assez unique, s’inscrit dans la continuité des liens tissés avec ces artistes, au fil du temps. Chanel et le cinéma, c’est une relation centenaire, initiée par notre fondatrice, et que nous faisons vivre comme lorsque nous soutenons la restauration de films, ou la transmission du patrimoine cinématographique aux générations futures. Cela peut aussi se matérialiser par des aides à la réalisation, à travers des costumes, le prêt de pièces de Haute Joaillerie par exemple ou un accompagnement lors d’événements comme celui du festival Lumière, les avant-premières et apparitions sur les tapis rouges du monde entier. Chacune des réalisatrices, actrices, amies et ambassadrices dont nous partageons le quotidien, les tournages et les passions fait vivre selon sa propre allure la mode de Chanel. En définitive, je crois surtout que nous sommes au service du cinéma, des créateurs qui cherchent à mettre en œuvre un projet original, le fruit de leur vision ou de leur expérience. Ces liens avec le septième art permettent de faire vivre une certaine idée de l’allure de Chanel, c’est-à-dire de partager notre imaginaire.
Propos recueillis par A. F.