Posté le 19.10.2023
Chaque jour un cinéaste méconnu et un film à redécouvrir : rendre justice aux oubliés de l’histoire du cinéma, c’est aussi le rôle du festival Lumière.
Dragon est de retour, 1968 © DR
Qui est-ce ?
Avec Dragon est de retour, le tchécoslovaque Eduard Grecner (né en 1931) signe son troisième long-métrage. Réalisé en 1968, alors que certains pays du bloc soviétique ont tenté vainement de s’affranchir du joug russe, Dragon est de retour développe un certain sens de la révolte. Ce n’est pas étonnant alors d’apprendre que Grecner se prononça ouvertement contre l’invasion des chars soviétiques à Prague, ce qui lui valut une interdiction de tourner.
Son film au festival Lumière
Dragon est de retour se déroule en Tchécoslovaquie rurale médiévale, où Dragon, borgne à la stature imposante, revient dans son village pour reprendre sa vie là où il l’a laissée, provoquant rumeurs et remous.
Pourquoi le redécouvrir ?
Dragon est de retour est un conte qui échappe un peu à tout ce que l’on a pu voir en la matière. Eduard Grecner multiplie les partis pris formels et narratifs qui font de ce film une exception. Ralentis poétiques, flous déroutants, noir et blanc splendide, et dialogue rare et souvent indirect, c’est-à-dire presque comme une voix off, font de cette œuvre un drame à effets contradictoires. Aux séquences Dragon est de retour miraculeuses comme des élévations célestes, succèdent des moments de chaos, de violence. Il y a l’amour entre Dragon et celle qu’il aime dont les baisers sont tourbillonnants. Il y a les habitants du village, des éleveurs pauvres et suspicieux. Et autour, Grecner utilise un folklore visuel, par exemple des tenues vestimentaires au relief d’une grande beauté, qui n’est jamais anecdotique, car toujours documentaire. Le cinéaste nous emmène sur des terres immuables de traditions, peuplées par des êtres humains en proie à des réactions universelles, comme la haine, l’envie, l’amour, et la liberté.
Virginie Apiou
SÉANCE
Dragon est de retour d'Eduard Grecner, (1968, 1h25)
Institut Lumière (Villa) - Jeudi 19 octobre à 9h30