Posté le 22.10.2023
Le cinéma de Robert Altman est un cinéma de petites communautés américaines, avec un point commun : faire ce qu’elles veulent. Altman porte sur elles un regard sarcastique et sacré.
M*A*S*H, 1970 © 20th Century Fox / DR
LA COMMUNAUTÉ D’UN TERRITOIRE
Natif de Kansas City dans le Missouri, Altman n’a cessé d’ausculter les Etats-Unis par le biais de son terroir, essentiellement celui des états du sud, et de la Californie. Le Tennessee de Nashville (1975), Kansas City (1996), et le Mississippi de Cookie’s Fortune sont des lieux où afro-américains et blancs, simples citoyens se débattent avec sincérité. Altman les filme avec tendresse. Il est nettement plus cruel et ironique avec la Californie, état de communautés agrégées et factices par excellence. Tout le monde vient s’y installer. Personne ne se parle vraiment, ni les hippies ou les riches blondes dans Le Privé (1973), ni les clients du spa de Trois femmes (1977), ou les groupes humains totalement fractionnés du bien nommé Short Cuts (1993). Altman traitera également avec mordant les groupes formés par les classes sociales hiérarchisées jusqu’au ridicule de l’Angleterre de Gosford Park (2001).
LA COMMUNAUTÉ PROFESSIONNELLE
Altman se moque des communautés professionnelles officielles, celle de l’armée dans M*A*S*H (1970) en pleine guerre du Vietnam, celle du spectacle : le cinéma hollywoodien dans The Player (1992) et le cirque grotesque de Buffalo Bill et les indiens (1976). En revanche, il reconnait les communautés professionnelles hors la loi, les gangsters en pleine grande dépression de Nous sommes tous des voleurs (1974), les joueurs pros de l’Amérique des cow boys de John McCabe (1971)
LA COMMUNAUTÉ MUSICALE
Le son dans le cinéma des communautés d’Altman est primordial. Les paroles des personnages sont superposées, souvent perdues au milieu du groupe humain qui ne s’écoute pas tant que ça. En revanche dès qu’il s’agit de musique, tout devient sacré, car la musique choisie par Altman est toujours celle du peuple cette fois-ci à l’unisson. C’est la country-folk de Nashville, ou le jazz teinté de blues de Kansas City. Mais comme Altman sait la nature humaine imparfaite, il pourfend cette communauté musicale qui pourrait paraître étrangement idéale, par un autre groupe humain nettement plus corrompu, celui de la politique, rendant ainsi le cinéma des communautés d’Altman étrangement imbriqué et passionnant à démêler.
Gosford Park, 2001 © USA Films - Medusa - Capitol Films / DR
V. A.
SÉANCES
Gosford Park de Robert Altman (2001, 2h17)
Institut Lumière (Hangar) - Dimanche 22 octobre, 10h30
M*A*S*H de Robert Altman (1970, 1h56)
Institut Lumière (Hangar) - Dimanche 22 octobre, 19h
Short Cuts de Robert Altman (1993, 3h08)
UGC Astoria - Dimanche 22 octobre, 16h45