Posté le 15.10.2023
Dans une Halle Tony Garnier bondée et hilare, l'acteur a fait le show en trublion tantôt ému, tantôt virevoltant, avant de clamer son amour du cinéma. Pour fêter ce 15e anniversaire, il fallait un invité exceptionnel, capable par son parcours exem-plaire, et son talent incontesté, de rassembler une salle entière autour d’une furieuse et contagieuse envie de cinéma.
Avec son légendaire débit mitraillette, c’est bien un acteur unique, Fabrice Luchini, qui a ouvert le bal de cette édition 2023, comme à son habitude, sourire aux lèvres, le verbe digressant, enthousiaste et toujours aussi aiguisé.
« C’est tellement bouleversant, ce que vous avez incarné en montrant des génies. De Lino Ventura à Fernandel, de Fernandel à Ozu, de Bertrand Tavernier à Mastroianni... Ce soir, on est presque aidés à être convertis à l’indulgence, celle des salles de théâtre où une humanité immense retient notre agressivité pour que l'on devienne spectateur de la vie », a-t-il confessé, clamant successivement son amour pour Guitry et Jouvet, son « Dalaï-lama », ou encore Clouzot et Bernard Blier, « le plus grand acteur français de tous les temps ». « Ces images qui viennent de nous être montrées nous réconcilient avec l’humanité. Ce que j’ai éprouvé, c’est un truc unique. Je ne pensais pas que ça prendrait cette ampleur ».
Fabrice Luchini © Olivier Chassignole
Dans une Halle Tony Garnier pleine à craquer, quelques 5.000 amoureux du 7e Art ont auparavant donné avec lui - et un parterre d’invités, dans un joyeux chœur digne d’un kop de football -, le coup d’envoi de l’alléchant marathon de projections qui va animer les salles obscures de l’agglomération durant huit jours. Il s’achèvera dimanche 22 octobre dans l’immense écrin lyonnais non sans avoir célébré comme il se doit la filmographie d’un autre géant, Wim Wenders, qui succède à Tim Burton au tableau des lauréats du Prix Lumière.
« Ce soir, j’ai compris ce qu’était Johnny Hallyday. Pour lui, ce devait être une petite salle alors que pour moi, le max, c’est un petit 800 personnes humbles. Mais là, c’est un 4.500 dément, un 4.500 incarné ! », a plaisanté le comédien dans un grand sourire et l’hilarité générale, avant que la salle ne soit plongée dans le noir pour laisser place à la projection de Sunset Boulevard, le chef-d’œuvre de Billy Wilder, en copie restaurée. « Ce qui est extraordinaire avec les stars des Cahiers du cinéma, c’est que les Rohmer, les Truffaut, les Godard, ont vu très vite que Guitry était un génie. Je suis bouleversé par ce cinéma-là car c’est la parole qui incarne l’éternité des silences. Dans le film que vous allez voir ce soir, vous allez voir à quel point Guitry a tout influencé », a-t-il ajouté.
Plus tôt, sous la clameur, et avant que son entrée ne déclenche un tonnerre d’applaudissements, une vague de personnalités de la planète cinéma sont apparues sur le tapis rouge de l’enceinte lyonnaise pour garnir ses rangs. Parmi eux, Laurent Lafitte, Dany Boon, Daniel Prévost, mais aussi Wes Anderson, Terry Gilliam et Karin Viard, invités spéciaux de cette édition, ont été particulièrement plébiscités par les spectateurs, qui ont aussi longuement applaudi les bénévoles de cette édition. Les spectateurs ont ensuite été invités à un karaoké géant pour interpréter Aline, de Christophe, que Wes Anderson a savamment utilisé dans l’une des plus belles scènes de son French Dispatch. « Magnifique », a commenté le cinéaste, tandis que son voisin, Terry Gilliam, a confessé devant le public médusé qu’il ne connaissait pas ce classique de la chanson française.
© Jean-Luc Mège
« Nous n’oublions pas la folie de notre monde divisé. Vive la paix et vive le cinéma », a tenu à rappeler Irène Jacob, la présidente de l’Institut Lumière, au moment d’ouvrir une cérémonie qui s’est tenue en partie en musique, celle d'une fanfare, et en magie, autour de la projection de films inédits des Frères Lumière tout juste restaurés.
« Au cinéma, il y a une chose merveilleuse, miraculeuse qui fait qu’on ne peut pas marcher sur ses deux jambes : c’est que la caméra te débarrasse de l’effort physique qui fait que souvent, on peut jouer en force. Le cinéma vient résoudre le miracle de filmer l’être. Il n’y a pas de cinéaste qui ne filme pas un acteur pour en faire son portrait. Car en réalité, on sent que le cinéma est le lieu où la caméra vient simplement filmer l’acteur, mais l’acteur n’est jamais que l’homme que tu es. Le cinéma ne ment pas car il pénètre dans ton âme », a conclu Fabrice Luchini.
Benoit Pavan
Copyright Institut Lumière - Jean-Luc Mège Photography
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Copyright Institut Lumière - Léa Rener
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