Posté le 15.10.2023
Angela, fille jeune et belle comme le jour, survit au milieu des trafics intenses de l’Italie défaite de la fin de la seconde guerre mondiale. Sur son chemin elle rencontre un déserteur afro-américain. Sans pitié est un drame à la poésie cruelle comme sait les composer l’élégiaque Alberto Lattuada.
Entouré par les légendaires Nino Rota à la musique et Federico Fellini au scénario, le cinéaste italien livre un film de nuit, même de jour, tant l’époque de son histoire est ténébreuse et risquée.
Dans le rôle d’Angela, la blonde Carla Del Poggio (épouse de Lattuada) impose un tempérament physique magnifique. Avec sa gestuelle très déterminée, elle campe un personnage qu’on ne cesse de harceler et qui ne trouve de répit qu’auprès d’une fille débrouillarde (jouée par Giulietta Masina dont c’est le premier rôle à l’écran), et de cette autre âme perdue qu’est le soldat déserteur (joué par John Kitzmiller).
Sans pitié, 1948 © DR
Dans un univers au noir et blanc brumeux, Lattuada filme des visages tourmentés et magnifiques, politiques et modernes. Car Sans pitié est non seulement une oeuvre anti-guerre, mais c’est aussi un des premiers films dont les deux héros qui s’aiment sont de couleurs de peau différentes. Ce qui compte avant tout pour Lattuada, ce sont les êtres quels qu’ils soient, même dans une époque où personne ne semble encore prêt à l’admettre.
Virginie Apiou
SÉANCE
Sans pitié d’Alberto Lattuada, (1948)
UGC Confluence - Lundi 16 octobre à 14h30