Posté le 20.10.2023
Orages est un film furieux dans tous les sens du terme. Furieux par la météo qui le traverse, son vent perpétuel, et la pluie en cascade. Furieux par l’idée de la nuit où tout est possible. Furieux par la nature même des hommes et plus précisément d’un homme, quarantenaire qui vient de perdre sa femme et a pour habitude d’imposer sa façon d’être à tous et en particulier à son fils.
Ce jeune blond tendre passe son temps à scruter le visage de son père afin de deviner son humeur. Et bientôt le père se remarie avec une très jeune femme, adorable de fragilité. Wyler est le cinéaste des hommes qu’on blesse. Orages en est un magnifique exemple. Il pose la question de comment faire quand on croise la route d’un homme terrible ? Un homme dont on ne peut se défaire, car il est soit votre père, soit votre mari, un homme qui a la force physique pour lui, et un tempérament insatiable de férocité naturelle et brute. La solution de Wyler est infiniment romanesque : opposer à cet être phénoménal la douceur, la tendresse, et l’amour, tous ces sentiments qui pourtant semblent ne pas peser davantage qu’une plume, mais qu’un orage ne peut défaire.
Orages, 1931, Walter Huston With His Arm Around Helen Chandler © NBC Universal
Réalisateur ferme, Wyler filme comme une chorégraphie un scénario impeccablement écrit par John Huston. Sa caméra privilégie les cadres larges afin de comprendre les tourbillons des corps humains qui se débattent autour de ce personnage infernal qu’est le père. Jusqu’au bout tout se danse dans un ballet de vitalité physique et morale impressionnant.
Virginie Apiou
SÉANCES
Orages de William Wyler (A House Divided, 1931, 1h10)
Pathé Bellecour - Vendredi 20 octobre, 19h45
Lumière Terreaux - Samedi 21 octobre, 20h15