Posté le 20.10.2023
L’Enfer des armes fait partie des films contemporains de Tsui Hark. Le cinéaste hong kongais livre un thriller politique totalement noir.
Chaque personnage y est tôt ou tard sacrifié. Tous sont le fruit d’un monde instable, celui que la colonisation occidentale, anglaise, encore en cours dans le Hong Kong de 1980. Les esprits semblent fous dans cet univers urbain contaminé, grouillant, en pleine déréliction. Même les animaux, ultime trace d’innocence, ne sont pas épargnés. L’Enfer des armes porte ainsi très bien son nom. Avec un sens du cadre sciemment mal élevé, et un montage comme déstructuré, Tsui Hark alors jeune réalisateur, compose un film vibrant comme une rafale de mitraillette. Il ne le fait pour rendre l’ensemble séduisant. Au contraire, il cherche plutôt à exprimer une atmosphère horriblement délétère qui tue salement les jeunes, les vieux, les flics, les colonisateurs, ou les fils de bonne famille. En accumulant les dialogues comme des claques, les gestes d’une tristesse violente, Hark dresse le portrait d’une communauté sous occupation, qui, quelle qu’elle soit, ne peut que provoquer le règne de la haine. En bon observateur Hark se souvient de la vague d’attentats et de crimes générés contre les anglais en 1967 à Hong Kong, et remarque sans faillir combien on ne se remet pas quand on vit dans une société qui n’est pas totalement libre. L’Enfer des armes est en cela un film sidérant et toujours actuel.
L’Enfer des armes de Tsui Hark, 1980 © Spectrum Films
Virginie Apiou
SÉANCES
L’Enfer des armes de Tsui Hark, (1980, 1h35)
UGC Confluence - Dimanche 15 octobre, 21h45
Institut Lumière (Villa) - Lundi 16 octobre, 21h30
Pathé Bellecour - Samedi 21 octobre, 21h45