Posté le 22.10.2023
Aussi improbable que savoureuse, cette comédie policière a été tournée partiellement (des départs d’étape, surtout) pendant le tour de France 1948, la deuxième « grande boucle » remportée par le légendaire Gino Bartali, dont il ne sera pas question dans le film, et donc ici, tant pis.
Au générique, on relève pourtant quelques noms prestigieux d’anciens cyclistes, certains devenus directeurs sportifs, apportant leur caution au réalisme de la course : Francis Pélissier, coureur ayant fait carrière dans l’ombre de son frère Henri, à l’époque d’Albert Londres et des « forçats de la route », Fernand Mithouard et enfin Georges Speicher, vainqueur du tour 1933.
Cinq tulipes rouges, 1949 © Pathé films
Malgré tous leurs efforts qui permettent notamment de comprendre les stratégies d'équipe, le scénario signé Marcel Rivet, solide plume populaire de l’époque, et Charles Exbrayat, auteur de polars à succès, est rocambolesque à souhait : il imagine une course cycliste endeuillée, chaque jour davantage, par des meurtres commis par un serial killer signant d’une tulipe rouge. Personne ne songe à arrêter le massacre alors que les maillots jaunes se succèdent au rythme des assassinats... Tant mieux : le spectacle est d’autant plus divertissant, même si l’on renifle le coupable quelques bobines avant le dénouement. Comme souvent à cette époque, les seconds rôles sont épatants : Suzanne Dehelly en « colonelle », piquante journaliste sportive, et Jean Brochard en inspecteur qu’on croirait sorti d’une B.D. de Franquin. Réalisation efficace de Jean Stelli, quelques années après le grand succès de son Voile bleu, avec Gaby Morlay (et son éternel mouchoir), cinéaste prolifique et bien peu considéré (sauf par l’historien hétérodoxe Jacques Lourcelles qui qualifie l’un de ses mélodrames avec Tino Rossi de « sirkien »). Sera-t-il un jour réhabilité ? À suivre...
Aurélien Ferenczi
SÉANCE
Cinq tulipes rouges de Jean Stelli (1949, 1h37, VFSTA)
Institut Lumière (Villa) - Dimanche 22 octobre, 18h15