Posté le 15.10.2023
« Il y a toujours un peu d’amertume à ne pas avoir fait sa vie soi-même », dit à l’héroïne un vieux bourgeois ratatiné en plein questionnement.
Derrière ce titre léger, et la promesse de voir une Danièle Darrieux ravissante et chanteuse, se noue une intrigue étrangement grave, spirituelle et finalement très adulte. Chérie est une jeune escort girl qui passe un pacte mercantile avec un jeune héritier. Bientôt l’amour se mêle à cette alliance mécanique. Scénarisé, entre autres par l’admirable Jacques Campaneez, cette comédie dramatique fait preuve d’une franchise de sentiment remarquable et originale, comme à rebours de ce que l’on voit habituellement au cinéma.
Adieu Chérie, 1946 © CCL
Chérie, en fille qui a trop vécue, dit en effet vouloir devenir la jeune fille qu’elle n’a jamais été. Après tout, ce n’est pas si mal de croire en l’amour. Et Darrieux n’est jamais meilleure que lorsqu’elle joue de ses yeux mi-clos, pas tant pour séduire, mais pour montrer que, malgré sa jeunesse, elle semble avoir déjà tout compris à la nature humaine. Surprise par la découverte de sa propre innocence, Chérie fait face à l’orgueil et l’hypocrisie des bourgeois riches et frileux jusqu’à l’odieux. Adieu Chérie est ainsi l’histoire d’une métamorphose, un portrait féminin sensationnel à la fin très inattendue.
Virginie Apiou
SÉANCES
Adieu chérie de Raymond Bernard (1946, 1h50, VFSTA)
Institut Lumière (Villa) - Dimanche 15 octobre, 18h45
Pathé Bellecour - Jeudi 19 octobre, 14h45
Institut Lumière (Hangar) - Vendredi 20 octobre, 11h15
UGC Confluence - Samedi 21 octobre, 15h45